CAMOUFLET POUR LE PRÉSIDENT SORTANT
Juan Carlos Varela, le candidat du Parti panameñista (opposition de droite), a remporté l'élection présidentielle, dimanche 4 mai au Panama. « Vous êtes le président élu », a annoncé le président du tribunal électoral, Erasmo Pinilla, à Juan Carlos Varela, dans un appel téléphonique retransmis en direct par les chaînes de télévision.
M. Pinilla a jugé la « la tendance irréversible » après le dépouillement de plus de 60 % des bulletins de vote. Selon les premiers résultats, M. Varela a obtenu 39,2 % des suffrages, contre 32 % à José Domingo Arias, le candidat de Changement démocratique, le parti au pouvoir (droite) et 27,5 % à Juan Carlos Navarro, qui portait les couleurs du Parti révolutionnaire démocratique (PRD – centre gauche).
La victoire de M. Varela est un camouflet pour le président sortant Ricardo Martinelli, qui avait choisi son dauphin, José Domingo Arias, une personnalité peu connue, et imposé son épouse, Marta Linares, comme candidate à la vice-présidence. Les opposants ont accusé le président sortant d'utiliser les ressources de l'Etat pour faire campagne en faveur de son poulain et de sa femme, notamment lors de l'inauguration de chantiers publics.
M. Varela, âgé de 50 ans, avait aidé M. Martinelli, un magnat de la grande distribution, à conquérir le pouvoir il y a cinq ans et avait été élu à la vice-présidence. Les rapports entre les deux hommes se sont rapidement dégradés et M. Varela a rompu avec le président Martinelli en 2011. Il a conservé son poste de vice-président après cette rupture mais a perdu son portefeuille de ministre des relations extérieures. M. Varela est devenu un des critiques les plus acerbes du président sortant, l'accusant de dérive autoritaire et de corruption. Des rumeurs, venant selon lui de la présidence, l'ont associé à un réseau mafieux de blanchiment d'argent. L'ambassade des Etats-Unis à Panama a démenti que son visa américain ait été annulé.
Après des études primaires et secondaires chez les jésuites à Panama, Juan Carlos Varela a obtenu un diplôme d'ingénieur à l'Institut technologique de Géorgie, aux Etats-Unis. Parallèlement à sa carrière politique, il a exercé des fonctions de direction dans l'entreprise familiale de liqueurs Varela Hermanos et il est actionnaire de plusieurs stations de radio. Il est marié à la journaliste Lorena Castillo avec qui il a eu trois enfants. Plusieurs membres de sa famille ont été de proches collaborateurs d'Arnulfo Arias, le caudillo charismatique, trois fois président dans les années 1940, 1950 et 1960, qui a fondé le Parti panameñista. Conservateur et nationaliste, Arnulfo Arias a marqué la société panaméenne en accordant le droit de vote aux femmes et en introduisant la sécurité sociale.
M. Varela s'est engagé à maintenir un fort taux de croissance tout en réduisant les importantes inégalités et la pauvreté qui touche plus du quart de la population, et à réduire la dette publique, qui est passée de 10,8 milliards à 17 milliards de dollars (7,8 milliards à 12,3 milliards d'euros) sous la présidence de Ricardo Martinelli. La fin des travaux d'élargissement du canal interocéanique, retardés par un différend financier avec le consortium d'entreprises internationales et des grèves, figure en bonne place parmi les priorités du président élu.