BRÉSIL : LA PRÉSIDENTE DILMA ROUSSEFF MENACÉE PAR LA CANDIDATE ÉCOLOGISTE MARINA SILVA

Marina SILVA gagnerait contre Dilma ROUSSEFF de 47 % à 43 %marina.silva.jpg

Le Parti socialiste l'a désignée à l'unanimité mercredi, en remplacement d'Eduardo Campos, récemment mort dans le crash de son jet de campagne.

Menace sérieuse pour la réélection de Dilma Rousseff, l’écologiste Marina Silva est lancée dans la course à la présidentielle d’octobre au Brésil, le Parti socialiste ayant officialisé mercredi sa candidature. La direction du Parti socialiste brésilien (PSB) l’a désignée à l’unanimité dans la soirée en remplacement d’Eduardo Campos, décédé il y a une semaine dans le crash de son jet de campagne à  l’âge de 49 ans. Le PSB a également choisi comme vice-président pour l’accompagner le député socialiste Beto Albuquerque.

«Je donnerai le meilleur de moi-même», a réagi Marina Silva, rappelant sa volonté d’œuvrer pour «un Brésil plus juste, économiquement prospère, socialement juste, politiquement démocratique, écologiquement durable».


 


La décision des socialistes intervient à moins de deux mois de la présidentielle du 5 octobre dans le géant sud-américain où la campagne électorale a commencé officiellement mardi.


Ancienne ministre de l’Environnement de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, Marina Silva, 56 ans, se présentait au départ comme vice-présidente de Campos. Elle s’était ralliée à lui après avoir tenté de présenter sa propre candidature à la présidentielle, comme en 2010 où elle avait créé la surprise en obtenant près de 20% des voix avec son minuscule Parti des Verts. Mais elle n’avait pas réussi à homologuer à temps son parti «Rede Sustentabilidade» auprès du Tribunal électoral.


Marina Silva sera en lice avec la présidente Dilma Rousseff, 66 ans, qui brigue la réélection pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche au pouvoir depuis 2003), et le sénateur Aecio Neves, du Parti de la sociale démocratie brésilienne (PSDB, opposition). Dans un sondage diffusé lundi, Marina Silva obtient 21% des intentions de vote et dépasse d’ores et déjà Aecio Neves (20%), même si elle reste loin des 36% attribués à Dilma Rousseff. En cas de second tour, Marina Silva gagnerait face à Rousseff, à 47% contre 43%.


ELECTORAT TRÈS DIFFÉRENT


Profondément religieuse, Marina Silva attire un électorat qui cherche une alternative à la politique traditionnelle mais aussi les évangéliques, religion dont elle est adepte et qui est en forte croissance au Brésil et en Amérique latine. «Marina Silva a un contingent d’électeurs progressistes, jeunes, avec un niveau d’études et un revenu plus élevés, un profil proche des manifestants qui ont protesté massivement dans les rues en 2013, et d’un autre côté elle a un électorat évangélique», a expliqué à l’AFP Mauro Paulino. «Les évangéliques ont bien voté pour Marina Silva en 2010, elle est membre de l’Assemblée de Dieu et nous voyons d’un bon œil son rêve de disputer la présidence», a déclaré à l’AFP le président du Conseil politique des Assemblées de Dieu, le pasteur Léliss Washington Marinhos. Mais il a prévenu que cette Eglise n’avait pas encore défini son soutien et qu’il existait un autre candidat évangélique, le pasteur Everaldo Dias Pereira, avec 3% des intentions de vote «qui s’est engagé à défendre nos valeurs».


Marina Silva s’oppose à la dépénalisation de l’avortement et du cannabis, au mariage gay et à la recherche avec les cellules souches. En 2010 toutefois elle avait proposé un référendum sur l’avortement et la légalisation du cannabis. Pour Carlos Malamud, chercheur pour l’Amérique latine du Real Instituto Elcano d’études internationales, il existe une dangereuse contradiction. «Marina Silva est à la tête d’une alternative présentée comme progressiste malgré ses croyances religieuses», relève-t-il, se demandant dans quelle mesure ses valeurs évangéliques pourraient, une fois élue, dicter ses choix politiques.

«Sur le plan personnel, c’est une candidate religieuse, mais elle n’a aucun projet d’envahir la sphère publique avec la religion», estime quant à lui le professeur de sociologie spécialisé en religion Eurico Antonio Santos, de l’Université de Brasilia.


Née dans une famille qui récoltait du latex en Amazonie, elle n’a été alphabétisée qu’à l’âge de 16 ans. Elle fut une camarade de lutte du défenseur de l’Amazonie, Chico Mendes, abattu en 1988.

Source : AFP