ÉCOSSE - RÉFÉRENDUM : LES INDÉPENDANTISTES POUR LA PREMIÈRE FOIS EN TÊTE D'UN SONDAGE

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Poussée spectaculaire du OUI à 10 jours du référendum
 
Le choc politique est d'autant plus fort qu'il n'avait pas été anticipé. Pour la première fois, un sondage d'opinion donne le « oui » à l'indépendance écossaise majoritaire lors du référendum du jeudi 18 septembre. Publiée à la "une" du Sunday Times, l'enquête de l'institut YouGov donne 51 % des voix au YES contre 49 % au NO, si l'on ne tient pas compte des électeurs indécis. Même si ce résultat se situe dans la marge d'erreur, il confirme une poussée spectaculaire des partisans de l'indépendance : aujourd'hui à la traîne, le « non » avait encore 22 points de pourcentage d'avance voici seulement un mois. Au surplus, YouGov n'est pas réputé pour être favorable à l'indépendance.
 
PHOTO : Ultime mission pour Sean Connery, le premier des "James Bond", alias Agent 007, au service de sa majesté durant de longues années... En choisissant le camp des indépendantistes, il se mobilise activement pour le YES... 


Les résultats de ce sondage, connus depuis au moins vingt-quatre heures dans les milieux politiques, ont accentué leur inquiétude. Les trois grands partis représentés à Westminster (tories, travaillistes et lib-dems) sont en effet alliés dans la campagne « Better together » (« mieux ensemble ») opposée à l'indépendance.

La reine elle-même, officiellement neutre, est « très inquiète » de la perspective d'une sécession de l'Ecosse, dont elle est aussi la souveraine, indique au Times une source au palais de Buckingham. Une photo d'Elizabeth, les genoux couverts d'un plaid écossais et manifestement contrariée, illustre l'article du quotidien.

CAMERON PLAIDE POUR « LE MEILLEUR DES DEUX MONDES »

Politiquement, le séisme que représenterait l'indépendance de l'Ecosse commence à être envisagé clairement par les milieux politiques londoniens qui pensaient pareille issue impossible. Si le « oui » était majoritaire, le premier ministre David Cameron serait contraint de démissionner, affirment des députés conservateurs, alors que l'intéressé a signifié qu'il n'en ferait rien.

Certains élus comparent la situation en cas de victoire des indépendantistes à la perte des colonies américaines qui, en 1782, avait contraint le premier ministre d'alors, Lord North, à se retirer. Pareille issue provoquerait une fracture au sein des tories, où Boris Johnson, le maire de Londres, est en embuscade pour succéder à David Cameron. Pour défendre l'Union, le premier ministre a prévu de s'exprimer en fin de campagne, pour signifier aux  Ecossais qu'en demeurant dans le Royaume-Uni,  ils auront « le meilleur des deux mondes ».

La consternation n'est pas moins grande chez les travaillistes car le glissement vers le « oui » est largement dû à la conversion de nombre de leurs électeurs, majoritaires en Ecosse, à la cause indépendantiste. Quelque 35 % des électeurs écossais du Labour affirment aujourd'hui qu'ils vont voter « oui » alors qu'ils n'étaient que 18 % voici encore un mois. Alex Salmond, le leader du Scottish National Party (SNP) et du yes a en effet réussi à transformer la consultation sur l'indépendance en un référendum pour ou contre le gouvernement conservateur au pouvoir et sa sévère politique d'austérité, largement réprouvés en Ecosse. Sur 59 députés siégeant à Westminster, le nation compte 40 travaillistes et un seul conservateur.

GORDON BROWN ENVOYÉ EN PREMIÈRE LIGNE

Une victoire du « oui » constituerait aussi un terrible revers personnel pour Ed Miliband, le chef de file des travaillistes, qui perdrait alors ces 40 élus très utiles pour constituer une majorité. Une centaine de députés Labour vont être dépêchés la semaine prochaine en Ecosse pour tenter de contrer la poussée indépendantiste et l'ancien premier ministre Gordon Brown, d'origine écossaise, sera placé en première ligne.

M. Miliband a averti, dimanche dans un entretien au Scottish Mail on Sunday, que l'indépendance se traduirait par l'érection d'une frontière entre l'Angleterre et l'Ecosse puisque la première n'appartient pas à l'espace Schengen et que la seconde, selon lui, en ferait partie. « Si vous ne voulez pas de frontières, votez pour rester dans le Royaume-Uni », a-t-il déclaré. Mais jusqu'à présent, les craintes que les unionistes ont tenté de susciter chez les Ecossais, notamment en matière monétaire et sécuritaire, n'ont pas réussi à empêcher la constante progression du « oui ».

SOURCE : AFP