Demain, samedi, se tiendra un atelier d'imaginaire sur le monde des gommiers et de ses traditions. Un événement organisé dans le cadre du projet urbain et culturel intitulé « L'Embellie Trois-llets » . Patrick Chamoiseau, directeur des programmes du Grand Saint-Pierre et de L'Embellie Trois-llets, fait le point...
Où en sont les projets du Grand Saint-Pierre et de l'Embellie Trois-llets ?
Pour Saint-Pierre, nous avons terminé la phase diagnostic et consultation de la population et des experts. Nous finalisons une « matrice des intentions » qui servira à l'élaboration d'un document de programmation opérationnelle avec l'aide d'architectes, d'urbanistes, de scénographes, muséographes, et autres créatifs du spectacle vivant et des arts visuels. Pour les Trois-Ilets, la phase diagnostic a pu s'appuyer sur un grand nombre d'études et de propositions déjà formalisées. Quant à l'implication des Iléens, les consultations individuelles ont été nombreuses mais la phase « ateliers de groupe » a été contrariée par les élections municipales. Nous la poursuivons sous la forme innovante d'ateliers-forums autour de grandes thématiques devant servir à la constitution d'une identité territoriale pour l'ensemble des Trois-llets et de la péninsule sud-caraïbe.
Pourquoi un forum-atelier public ?
L'Embellie Trois-llets est un grand projet de développement urbain et culturel intégré. Toutes les dimensions du fait humain sont prises en compte dans un souci participatif et systémique : les aménagements urbains seront pensés en interaction avec le développement culturel, la valorisation environnementale, et la recherche d'un meilleur bien-vivre par l'économique et le social. Cela revient à créer pour les Trois-llets (et pour son espace de cohérence qui intègre les Anses-d'Arlet et le Diamant), une visibilité territoriale qui pourrait attirer les Martiniquais, rayonner sur la Caraïbe et le monde. Cette construction d'une identité territoriale passe par des leviers déjà identifiés et que nous allons valider par un cycle de forums-ateliers.
Quels sont ces leviers ?
Ce sont des dynamiques identitaires et culturelles. L'artiste Khokho René-Corail sera proposé comme figure tutélaire permettant le développement des arts visuels. Le bèlèlisid, les traditions du gommier et des pitts, les grands quartiers comme Poterie, Pagerie, la Plaine, qui sont pétris de traditions ancestrales, les présences amérindiennes et celles des immigrations kongo, syriennes, asiatiques qui ont façonné ces lieux et ces paysages... Tout cela sera inscrit dans des valorisations urbaines, des signalétiques, des événementiels, des équipements structurants... Mais nous voulons avancer avec la population. Qu'il y ait un maximum d'Iléens qui s'impliquent dans cette revitalisation identitaire permettra la pérennité de ce qui sera mis en place.
Pourquoi le choix du gommier ?
C'est une thématique qui a émergé des dizaines d'entretiens individuels réalisés par nos spécialistes. Le monde du gommier est fascinant. Il traverse toute l'histoire de la côte caraïbe, du sud au nord. Il remonte aux origines amérindiennes et se maintient en filigrane dans l'actuel succès du tour des yoles. Nous aurons d'ailleurs un dossier d'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco des techniques de navigation amérindiennes, avec le gommier comme coeur de cible. C'est donc un immense gisement culturel qui pourra nous permettre le développement d'événements en spectacle vivant et en arts visuels. Nous avons donc tout un programme à imaginer avec la population des Trois-llets, des Anses-d'Arlet et du Diamant. Ce premier atelier-forum servira au recueil des propositions et des idées...
Comment se déroulent généralement ces ateliers ?
Ils sont menés par le sociologue Serge Domi en compagnie de spécialistes... Ils se structurent par une alternance de phases collectives larges et de phases restreintes en petits ateliers, jusqu'à la synthèse de tout ce qui aura surgi de cette libération intensive des imaginations et des imaginaires. Je suis toujours ébahi par la richesse des propositions que fait émerger cette technique : on peut faire confiance aux Martiniquais...
- Premier atelier d'imaginaire des Trois-llets : samedi 20 septembre à 16 heures au centre administratif des Trois-llets.
Patrick CHAMOISEAU