Rivière-Salée- 26 avril 2016. Gran Sanblé pour faire réussir la Martinique. Alfred Marie-Jeanne (MIM), Claude Lise (RDM), Francis Carole (PALIMA), Georges Erichot (PCM), Marie-Hélène Léotin (CNCP) et Louis Boutrin (MARTINIQUE-ÉCOLOGIE). Voir ci-dessous les principales interventions et les photos des participants.
Les principales interventions :
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par Claude LISE, Secrétaire général du RDM
« Mesdames, Messieurs, Chers Amis, Chers Camarades,
Permettez-moi, avant tout, de me féliciter de vous voir aussi nombreux ! Les mauvais augures en sont pour leurs frais ! Sanblé ta la, pèsonn pé pa di i pa mérité non’y : sé an Gran Sanblé !
Si apré sa rété moun ki poko konprann ke yo pé ké rivé divisé nou ek afébli nou, sé ke sé moun ta la, kon yo kadi,yo «bouchés à l’émri»! mésasépwoblèmyo!
Pwoblèm nou sé kontinué sanblé ek sé alé douvan douvan san janmen fè dèyè ! Man pé di zot ke le RDM kay mété tout foss li pou sa, pou rivé mété Martinique doubout !
Camarades, ceux qui m’ont précédé vous ont déjà montré à quel point le bilan de ceux qui, depuis cinq ans, détiennent en Martinique l’essentiel des leviers de pouvoir local, est catastrophique.
Mais, parmi les domaines dans lesquels ce bilan est particulièrement préoccupant, il en est un qu’il convient de bien mettre en lumière, un qui touche à nos droits fondamentaux de citoyens mais qui conditionne également la réussite de toute politique de développement durable, il s’agit de la démocratie.
Eh bien, mon propos visera à vous démontrer qu’à ce sujet il convient de dénoncer, dans notre Martinique, ce qu’il faut appeler une situation de régression démocratique.
En effet, depuis cinq ans, les atteintes à a démocratie se sont multipliées et ont pris une tournure de plus en plus inquiétante et inacceptable.
Ce que nous connaissons en la matière aurait entraîné depuis longtemps, dans n’importe quel département de l’Hexagone, des réactions très vives de certains organes de presse et de certains acteurs de la société civile.
Mais, ici, rien de tel. Nos protestations rencontrent peu d’écho dans la presse et peu de soutien dans la « société civile».
Les autorités de l’Etat, quant à elles, semblent frappées de surdité et de cécité.
Il existe, en fait, de toute évidence chez nous, une formation politique qui est parvenue à prendre le contrôle de la quasi-totalité des leviers de pouvoir local et dont le patron s’est assuré, de surcroit, le rôle d’interlocuteur privilégié du précédent gouvernement comme de l’actuel.
Cette formation politique a pris, avec ses alliés et ses ralliés de tous bords, le caractère d’un clan et ce clan est parvenu à installer en Martinique un véritable système (c’est le terme qu’a employé un hebdomadaire parisien pour caractériser ce que ces reporters ont découvert ici) ; un système qui lui permet d’imposer sa loi dans la plupart des collectivités territoriales, mais également d’exercer un pouvoir d’influence considérable dans nombre de domaines, qu’il s’agisse du social, du culturel, du sportif, ou, bien entendu, de l’économique.
Alors, bien sûr, certains me diront que sa position hégémonique, il l’a acquise par les urnes. Mais si l’on peut convenir que c’est formellement vrai, on ne peut pas ne pas poser la question de la valeur, sur le plan de la démocratie, d’élections gagnées le plus souvent avec des méthodes on ne peut plus contestables.
Il y a, évidemment, les méthodes classiques de pression sur tous les électeurs vulnérables : employés des collectivités dirigées par le clan, personnes âgées, jeunes au chômage, demandeurs d’aides diverses, etc…
Nous sommes nombreux à avoir vu ces méthodes à l’œuvre aux municipales de l’année dernière, notamment à Fort de France.
Plus récemment, à Saint-Pierre, on a assisté à des choses incroyables ! J’ai personnellement vu des jeunes exhiber des portables et des tablettes numériques reçus en contrepartie de leurs votes ! Et il n’y a pas eu que cela, les camarade de Saint-Pierre ici présents pourraient vous en dire beaucoup plus que moi.
Mais un autre type de méthodes mérite d’être dénoncé avec plus de force encore compte tenu de son degré de nocivité, il s’agit des méthodes de manipulation de l’opinion dans lesquels ce clan politique est passé maître.
Le néo-PPM, qui constitue le noyau central, « le noyau dur », du clan, a d’autant plus de facilité à user de ces méthodes qu’il a abandonné depuis plus de dix ans tout encrage idéologique et, l’on peut même affirmer, toute identité politique. Le terme progressiste pour lui n’est plus qu’un cache misère idéologique.
Ce Parti est donc devenu un parti typiquement populiste c’est-à-dire un parti dont le leader assoit son pouvoir en se servant du peuple tout en faisant semblant de le servir. Un parti pour lequel, par ailleurs, la communication prime sur l’action, les mots l’emportent sur les choses !
Le but n’est évidemment jamais d’éclairer les citoyens mais de les manipuler pour les amener à cautionner les politiques les plus contraires à leurs intérêts.
Nous en avons eu une triste illustration lors du débat sur la proposition d’évolution institutionnelle faite par le Congrès des Elus en 2009.
Le Président du néo-PPM décida alors de ratisser très large – le plus large possible – grâce à une stratégie visant, d’une part, à diaboliser ce qui n’était qu’une avancée vers un premier degré, relativement modeste et très sécurisé, d’autonomie ; d’autre part, à faire miroiter la possibilité d’emprunter, plus tard, une autre voie susceptible de mener à l’autonomie la plus large, mais sans s’affranchir du droit commun : c’est la mythique 3ème Voie sensée constituer une sorte de panacée institutionnelle !
Cette stratégie de ratissage a abouti à faire converger sur le « non », lors de la consultation du 10 janvier 2010 des citoyens aux points de vue les plus différents sur la question de la responsabilité martiniquaise.
Des autonomistes, voir même des indépendantistes – en tout cas s’affichant comme tels- ont, en effet, mêlé leurs voix à celles d’assimilationnistes patentés. Ils ont mêlé leurs voix aussi à celles d’une majorité de citoyens, certes favorables à l’idée de responsabilité, mais incapables de résister à l’odieux chantage à la perte des avantages acquis qui leur était fait ; un chantage autrefois apanage de la Droite et qui est devenu l’une des armes – peu glorieuse– du néo-PPM !
On connait la suite. C’est cette stratégie, relevant d’un singulier manque de respect envers les citoyens martiniquais, qui a permis au néo-PPM, renforcé par un premier contingent de ralliés, de gagner les régionales de mars 2010.
C’est cette stratégie qui a permis également la constitution de l’assemblage hétéroclite dénommé « Ensemble Pour une Martinique Nouvelle ».
Cet assemblage est devenu le refuge de tout ce que l’échiquier politique compte d’errants politiques n’ayant d’autre motivation que l’intérêt personnel.
Un refuge où l’on cultive l’esprit clanique et où l’on fait miroiter à ces opportunistes d’alléchantes perspectives de carrière, en échange, toutefois, d’une totale allégeance au patron de EPMN. Ce dernier dispose ainsi d’un instrument qui lui permet d’étendre un pouvoir qui, au fil des conquêtes électorales et des ralliements d’élus, prend de plus en plus la dimension d’un réel pouvoir hégémonique.
La situation ainsi créé suscite bien sûr un mécontentement croissant dans l’opinion.
Malheureusement, cette opinion a du mal à réagir comme elle le souhaiterait, précisément parce qu’elle est démobilisée par l’image peu reluisante que lui renvoie globalement la classe politique. Ainsi s’enclenche un véritable cercle vicieux, la démobilisation des citoyens aggravant la situation de régression démocratique.
Cette image dégradée sert en fait les desseins de celui qui a transformé ce qui fut le PPM en parti râteau, ratissant tous azimuts, en osant mettre en avant, comme une caution, la fameuse invitation césairienne à prendre « le parti du plus large contre le plus étroit ».
Comme si, pour Césaire, le plus « large » pouvait signifier le plus vague, le plus confus, le plus hétéroclite.
En fait, camarades, « le plus large » c’est nous qui l’illustrons avec notre Rassemblement ; un Rassemblement qui ne s’est pas fait derrière un leader mais autour de valeurs partagées et d’une commune et haute ambition pour la Martinique. Un Rassemblement qui n’a pas pour objectif de servir une multitude d’intérêts individuels mais bien l’intérêt supérieur de la Martinique.
Nous avons donc vu comment, dans sa conquête d’un pouvoir de plus en plus hégémonique, le clan EMPN n’a cessé de porter gravement atteinte à la démocratie, en manipulant et en démobilisant les citoyens martiniquais. Il nous reste à voir comme il met à mal la démocratie dans l’exercice -je devrais dire dans la jouissance– de ce pouvoir.
Le premier terme qui vient à l’esprit pour caractériser le comportement des élus du clan qui sont à la tête d’un grand nombre de collectivités territoriales et d’abord des deux plus importantes (la Région et le Département), c’est l’autoritarisme.
Celui-ci s’exerce, bien sûr, avant tout sur les personnels de ces collectivités qui font l’objet de statistiques inquiétantes en matière d’arrêts de travail et de burn-out. Mais cet autoritarisme s’exerce également sur les élus de l’opposition.
Le 2ème élément qui caractérise leur fonctionnement, c’est, en effet, précisément, le manque de respect de l’opposition.
Tout le monde le constate en regardant à la télé le déroulement des plénières du Conseil Général et du Conseil Régional, même si ces plénières ne donnent qu’un petit aperçu de la réalité de ce qui se passe au quotidien.
Dans l’une comme dans l’autre assemblée, même si les styles de présidence diffèrent, la ligne définie au sommet, c’est-à-dire par le Président de Région s’impose sans nuance. Les majorités, totalement aux ordres, votent de façon mécanique, en faisant preuve de la plus totale surdité aux arguments de l’opposition.
Ce modèle de fonctionnement anti-démocratique se retrouve pratiquement dans toutes les autres collectivités territoriales dirigées par le clan. On vient d’en avoir une illustration saisissante le 14 avril dernier, au Carbet, où l’on a vu, comme le rapporte le quotidien local, le maire faire voter en force le compte administratif 2014, en refusant obstinément de prendre en compte les mises en garde de l’opposition portant sur le non respect de dispositions légales.
Le 3ème élément qui caractérise le fonctionnement des élus du clan, c’est le manque de transparence. Ces élus semblent, en effet, considérer qu’ils n’ont de compte à rendre, ni aux élus de l’opposition, ni aux citoyens. Du coup, la rétention d’information est chez eux une pratique courante.
Enfin, le dernier terme qu’il convient de retenir pour caractériser le fonctionnement du clan, c’est celui de népotisme.
C’est probablement ce qui provoque le plus de réactions chez nos concitoyens car, dans une période comme celle que nous traversons, ils ont beaucoup de mal à admettre que l’on puisse, parce qu’on occupe des lieux de pouvoirs, distribuer avantages et emplois aux membres de sa famille et à ses amis. C’est pourtant ce qui se déroule en grand et souvent ouvertement, notamment au Département et à la Région ; la Région battant, il faut le dire, tous les records en la matière. C’est évidemment, pour les « Nouvelles Gouvernances », un moyen supplémentaire de s’assurer le contrôle des agents des administrations qu’elles dirigent.
Eh bien, Mesdames et Messieurs, Chers amis, devant un tel constat, la question qui vient à l’esprit est évidemment : que font les autorités de l’Etat ? Car ce sont elles qui ont la responsabilité de garantir un fonctionnement démocratique des institutions et qui sont chargées de faire respecter les droits fondamentaux des citoyens.
Malheureusement, comme je l’ai déjà dit, force est de constater qu’elles font preuve de surdité et de cécité. Et c’est ce qui permet au clan EPMN d’afficher en permanence, et non sans un certain cynisme, la tranquille assurance de ceux qui se savent protégés.
Le plus grave c’est que la cécité et surdité des autorités de l’Etat doivent en réalité être qualifiées de sélectives. La Martinique est devenue, en effet, un territoire de la République française emblématique du deux poids deux mesures !
Il y a, d’un côté, ceux qui surfent allègrement sur les pratiques antidémocratiques et aussi sur les scandales en tout genre d’où remontent de fortes odeurs de corruption. Et puis, il y a, d’un autre côté, ceux qui subissent les rigueurs de la loi, avant même qu’il soit démontré qu’ils ont commis une faute.
Ai-je besoin d’évoquer, à cet égard, la tristement célèbre affaire Frédérique Fanon-Alexandre ? Une affaire dans laquelle on a vu poursuivre pendant six ans l’ex- DGSD devant des juridictions administratives, financières et pénales, pour au final voir reconnaître par le Conseil d’Etat et la Cour des Comptes que le dossier était vide.
Mais, qui n’a pas compris que le tord de l’intéressée s’était d’être la proche collaboratrice d’un homme politique que l’on cherchait par tous les moyens à impliquer dans une affaire ?
On sait, en effet, d’où est partie la lettre anonyme qui a suffit à faire connaître à Frédérique Fanon-Alexandre une éprouvante et humiliante garde à vue -épreuve, soit dit en passant, jusqu’ici soigneusement évitée à ceux qui sont mis en cause dans différentes affaires autrement plus graves dont on entend parler depuis déjà pas mal de temps.
J’ajoute, pour ceux qui se poseraient encore des questions sur les commanditaires de cette affaire, qu’il leur suffit de lire le PV de la plénière du Conseil Général du 28 juin 2012. Ce jour là, les élus de l’actuel majorité se sont déshonorés en votant, sur commande, une délibération faisant d’eux des auxiliaires zélés du Parquet, dans une procédure menée contre une compatriote, alors qu’ils étaient les mieux placés pour savoir qu’elle n’avait rien à se reprocher.
Je pourrais évoquer, comme autre exemple du deux poids deux mesures, les tracasseries dont fait l’objet notre camarade Alfred MARIE-JEANNE, mais je m’abstiens volontairement de tout développement à ce sujet vu les procédures en cours.
En tout cas, ce qui est clair c’est que l’Etat a sa part de responsabilité dans la régression démocratique dont nous sommes victimes.
Mes Chers amis, le sujet que j’ai tenu à évoquer devant vous mériterait bien d’autres développements, mais, dans le temps imparti, il fallait aller à l’essentiel.
Ce que je tiens à ajouter pour conclure, c’est que parmi les engagements que nous prenons face au Peuple Martiniquais, il y a celui, si les électeurs nous accordent la victoire en décembre prochain, de casser le système hégémonique et antidémocratique mis en place par le clan actuellement au pouvoir. ème
Il est dit expressément au 4ème point de l’accord du 27 janvier signés par les six organisations de notre Rassemblement : «elles [les organisations] les charges [il s’agit d’Alfred Marie-Jeanne et de Claude Lise] de garantir le fonctionnement démocratique de la Collectivité Territoriale de Martinique afin de favoriser la libre expression de toutes les sensibilités politiques tant de la majorité que de l’opposition ».
Cela veut dire que nous sommes décidés à prendre nos responsabilités à cet égard et, bien entendu, à mettre les autorités de l’Etat en demeure d’assumer les leurs.
Notre peuple attend cela !
Il sait, en effet, que sans démocratie il n’y a de citoyenneté que mutilée.
Il sait aussi que sans démocratie on ne peut promouvoir un véritable développement durable. Cela a pratiquement toujours et partout été démontré.
Alors, Camarades, nous savons ce qu’il nous reste à faire :
« Fatiguer le doute du Peuple », comme aurait dit Jaurès, par la persévérance de notre engagement et appeler les citoyennes et les citoyens à participer avec nous, armés de leurs bulletins de vote, à une indispensable et salutaire insurrection démocratique ! »
Claude LISE
Secrétaire général du RDM
LES AFFRES DE LA MAL-GOUVERNANCE
Par Francis Carole - Président du PALIMA
Martiniquaises,
Martiniquais,
Chers amis,
La période que notre pays traverse exige lucidité, capacité d'anticipation, obsession de l'unité la plus large possible de notre peuple -dans la clarté !- et une détermination sans faille pour gagner en décembre et faire réussir la Martinique
Car notre objectif est bien la victoire.
Toutes et tous, responsables, militants, sympathisants, femmes, hommes, retraités, jeunes, travailleurs, cadres, artistes, chômeurs, nous avons le même devoir moral : gagner pour faire réussir la Martinique.
Aucune considération secondaire ne saurait venir contrarier cet engagement pour notre futur.
Toute notre intelligence, toutes nos forces, tous nos efforts, doivent être tendus vers cette urgence politique essentielle.
Notre peuple et l'histoire ne nous pardonneraient pas la moindre défaillance.
Sur le chemin de la victoire, nous devrons affronter, rudement sans doute, des adversaires. Mais, et j'y insiste, notre ennemi c'est le colonialisme français.
Certes, une prétendue "modernité" conceptuelle et langagière voudrait que l'on n'emploie plus ce mot. Ce ne serait pas "light"... Pas dans l'ère du temps... Le colonialisme ? Dépassé ! Le capitalisme ? Dépassé ! Les luttes des peuples ? Dépassées ! Les nations ? Mortes ! Les idéologies ? Trépassées !
Ne resterait donc plus qu'une mondialisation envoûtante qui nous inviterait à la somnolence intellectuelle, morale et politique.
La vérité brutale, et que nous voyons tous quand nous ne la vivons pas, ce sont ces milliers de femmes et d'hommes, souvent jeunes, jetés, comme des bêtes que l'on sacrifie à l'opulence des grandes puissances, dans la gueule de la mer Méditerranée. Ce sont ces guerres sales suscitées et entretenues pour satisfaire l'appétit de ces puissances et de leurs multinationales. Ce sont ces nations et ces peuples que l'on détruit, ces millions d'êtres humains que l'on mutile physiquement et moralement pour satisfaire les grands groupes financiers. Ce sont aussi les relations perverses entre les grandes puissances et le djihadisme. Et ce n'est pas la moindre des curiosités d'observer que l'Arabie Saoudite et le Qatar financent à la fois les États-Unis et l'Etat islamique. Mais est-ce vraiment une curiosité ?
Dans notre pays, où le colonialisme subsiste, ses conséquences et ses méfaits attestent de son caractère insidieux : le mal-développement, les séquelles raciales et morales, d'effrayantes inégalités, des milliers de nos jeunes livrés, génération après génération, au chômage et à toutes les dérives, le traitement inégal que nous appliquent les banques et le pillage de l'épargne martiniquaise (4,6 milliards d'euros qui ne sont pas réinjectés dans le développement de notre pays).
C'est dans ce cadre que s'inscrit le sens profond de nos luttes d'hier et d'aujourd'hui
Certes, la Collectivité Territoriale ne constitue pas une panacée permettant de régler miraculeusement toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Elle représente néanmoins un plus par rapport à la situation actuelle. Elle n'est ni un commencement ni une fin dans notre marche. C'est un moment de cette marche.
Chers amis,
Ceux qui pensent, sans doute naïvement, qu'il est possible de "transcender les clivages politiques", en réunissant, aujourd'hui, la droite, les rentiers du césairisme et les patriotes dans une sympathique famille pleine de bons sentiments, se trompent lourdement.
Cette vision n'est d'ailleurs pas nouvelle. Au bilan, elle a alimenté bien des farces politiciennes qui, par essence, ne pouvaient pas permettre à notre pays d'avancer. La modernité ne réside pas dans la répétition sempiternelle d'erreurs du passé, à peine dépoussiérées.
En l'occurrence, dans cette bataille que nous entamons, nos adversaires sont les partis de la droite et Ensemble pour une Martinique "Nouvelle", et -vous le comprendrez aisément- notre cible principale est ceux qui se trouvent au pouvoir aujourd'hui.
Contrairement à certains, je n'ai pas reçu d'autorisation pontificale pour procéder à la distribution des "calottes". Mais il faut que la vérité soit dite sur la gestion calamiteuse de nos collectivités, et singulièrement celle de la région Martinique.
Le bilan de l'équipe en place montre clairement que la prétendue "nouvelle gouvernance" n'est en réalité que de la mal-gouvernance.
Chacun se souvient encore qu'en 2010, dans un tract aussi haineux qu'insignifiant sur le plan conceptuel, l'actuel président de Région accusait Claude Lise et Alfred Marie-Jeanne d'avoir rien moins que "colonisé les Martiniquais". Il faisait par ailleurs porter la responsabilité du chômage aux présidents des deux collectivités.
Dans son programme intitulé "Pou nou viré ba péyi-a an sens", il promettait :
"un plan de relance de l'emploi et de l'activité" avec l''objectif de "retrouver 5000 emplois";
"un plan habitat avec la construction de 1500 à 2000 logements par an";
la"reconstruction de 30000 logements et équipements sociaux";
"la redynamisation du tourisme";
"la création de sept territoires de projets d'aménagement touristique";
un "espace des arts populaires et émergents", un "conservatoire régional de la musique et des arts",
une "école des arts et métiers pour l'artisanat d'art", un "institut des mondes créoles".
La liste exhaustive serait trop longue, allongeant par là-même l'inventaire des promesses démagogiques non tenues.
Nous avons vu l'actuelle tête de liste du PPM-Ensemble pour une Martinique "Nouvelle" à l'œuvre, mais nous n'avons pas vu ses œuvres.
Ainsi :
Dans le domaine du logement social
La promesse de 1500 à 2000 logements sociaux est loin d'avoir été tenue. Entre 2010 et 2015, seuls 600 à 700 logements ont été construits par an. Et ce n'est du fait de l'intervention de la Région !
Dans le domaine de la formation
Le nombre d'apprentis s'est effondré, passant de 4000 sous la mandature d'Alfred Marie-Jeanne à 3000 en 2014. De nombreuses structures de formation, comme l'AFPA ou encore le Lycée Professionnel du Robert, sont en grande difficulté financière depuis 2011 et éprouvent du mal à verser les salaires des formateurs.
Plus grave ! Pour la période 2013-2014, la Région, qui a la responsabilité de mettre en place des plans de formation à destination des jeunes de 16 à 25 ans et des adultes de plus de 25 ans, n'a signé aucun contrat avec les centres de formation. Les premiers marchés n'ont été votés, en Commission Permanente, que le 26 juin 2014, pour des formations qui devaient commencer en septembre 2013 ! Personne ne sera donc étonné d'apprendre que les centres de formation ont beaucoup souffert de cette incurie de la majorité régionale et que certains ont même dû fermer.
Quant au Campus Caraïbéen des Arts, nous savons tous les soubresauts et les drames qu'il a traversés. Des formateurs ont été licenciés; les étudiants de musique, qui avaient pourtant entamé leur formation, n'ont pu valider un diplôme reconnu.
Chacun appréciera, au vu de ces informations, la désinvolture avec laquelle Ensemble pour un Martinique "Nouvelle" s'occupe de la formation de nos jeunes.
Dans le domaine économique
Une propagande intense a précédé et suivi le plan de relance 1, en juin 2010. Élaboré dans la précipitation et mis en œuvre dans des conditions opaques, ce plan, qui prétendait relancer l'emploi et l'activité économique, n'a jamais été réellement évalué par ses auteurs. Il reste que l'impact sur l'économie martiniquaise des deux plans de relance de la majorité régionale reste quasiment nul puisque sur la période 2010-2014, le PIB de la Martinique a reculé de 1,7%. Le chômage des jeunes, des femmes et des seniors a augmenté et continue d'augmenter en 2015. La perspective économique globale pour 2015 n'est pas meilleure puisque l'IEDOM annonce "un repli sensible de l'activité en début d'année."
Quant aux 17 zones d'activités économiques, elles restent à l'état d'annonces. Le Grand Saint-Pierre et l'Embellie des Trois-Ilets se résument à des ateliers de l'imaginaire (toujours nécessaires sans doute), à des manifestations "culturelles", à quelques menus travaux et à des études, très loin des prétentions affichées par les actuels locataires de Plateau Roy.
Dans le domaine de la culture
Ne sont sortis de terre ni "l'espace des arts populaires et émergents", ni le "conservatoire régional de la musique et des arts", ni "l'école des arts et métiers pour l'artisanat d'art" et encore moins "l'institut des mondes créoles". La seule "réalisation", c'est le Musée du Père Pinchon...conçu sous la mandature d'Alfred Marie-Jeanne et dont les marchés avaient déjà été attribués. Le président de région en réclame la paternité, prétendant avoir généré tout ce qui existe.
Si nous considérons ce qui se passe à l'ATRIUM, nous pouvons même conclure que nous avons régressé sur ce plan puisque, en 2014, sous l'impulsion de la majorité PPM du conseil général, cette institution a été transformée en Établissement Public de Coopération Culturelle (EPCC), favorisant ainsi une plus forte main-mise de l'Etat sur la politique culturelle développée, sans d'ailleurs de contre-partie financière supplémentaire.
L'ATRIUM a désormais de plus en plus de difficultés à s'ouvrir aux jeunes artistes martiniquais.
La dilapidation des fonds publics par l'équipe en place doit aussi interpeller les électrices et électeurs de Martinique.
En effet, qui n'a pas entendu ces messieurs vaticiner à longueur de discours sur le tarissement des fonds publics et sur l'urgence d'aller à travers le monde - et sans doute au Qatar qui finance d'ailleurs à peu près tout - chercher des capitaux ?
À ce propos, ce que le député de Fort-de-France ne dit pas c'est que les banques françaises se sucrent sur le dos des Martiniquais et que, lui, il vote consciencieusement et docilement toutes les lois de François Hollande qui installent une austérité qui ne dit pas son nom.
Cette politique d'austérité de l'Etat, qui a conduit le parti socialiste français à une succession de déconvenues électorales, obéit aux injonctions de la Banque Centrale Européenne, laquelle fait payer la crise aux plus pauvres et, conséquemment, aux collectivités locales.
Ce discours sur la raréfaction des fonds publics aurait dû inciter les donneurs de leçons en ingénierie financière à plus d'intelligence dans l'utilisation des moyens financiers à notre disposition. Au lieu de quoi, nous assistons à une gabegie "san manman" qui fait craindre pour l'avenir.
L'exemple du lycée Schoelcher est emblématique du niveau d'irresponsabilité politique de ceux qui sont aujourd'hui aux affaires. En effet, la reconstruction de cet établissement, sous la mandature des patriotes, avait été évaluée à 60 millions d'euros. Il était prévu que les élèves et enseignants retrouvent leur établissement, reconstruit, dès septembre 2014.
À la veille des élections régionales de 2010, une véritable cabale a été organisée par le PPM pour tenter de discréditer les patriotes, accusés de vouloir "effacer du fronton du lycée le nom de Schoelcher" et même "le nom de Schoelcher de l'histoire martiniquaise". Pour des raisons dont on peut douter de la pertinence, un lycée de transit, estimé alors à 12 millions d'euros, était mis en chantier dans l'ancien hôpital Victor Fouche.
De 12 millions d'euros, nous en sommes aujourd'hui à 35 millions d'euros, comme le confirme l'exposé des motifs du budget primitif de la région voté le 18 décembre 2014. L'ouverture de ce lycée de transit, prévue pour la rentrée 2013-2014, a été à maintes fois renvoyée et on peut, raisonnablement, douter qu'il en soit autrement à la rentrée 2015-2016.
Quant à l'ouverture du lycée Schoelcher, même les diseurs de bonne aventure les plus inspirés ne prendraient pas le risque de la prédiction d'une date... Elle est reportée aux calendes du néo-PPM.
En somme, au lieu des 60 millions prévus par les patriotes, et en restant optimiste, c'est plus de 95 millions d'euros que coûtera l'opération de reconstruction du lycée Schoelcher !
Mais ce n'est pas tout. La propension au surendettement semble constituer une défectuosité politique génétique au néo-PPM. Et c'est peu dire ! Il y a même une traçabilité !
L'aggravation du surendettement de Fort-de-France (plus de 219 millions d'euros sur plusieurs décennies), c'est l'actuel président de Région ! Les emprunts toxiques contractés par la ville en 2007, auprès de la société Crédit Agricole Corporate et Investment Bank et DEXIA, c'est encore et toujours lui ! La ville a été, au mois de mars 2015, contrainte, pour se débarrasser des emprunts toxiques laissés par celui qui a succédé à Césaire, de signer un protocole d'accord, tout aussi toxique, avec CACIB et DEXIA.
Certes, nous ne sommes pas opposés aux emprunts. Les emprunts peuvent constituer un instrument de développement dans une stratégie bien élaborée. Le surendettement est, par contre, toujours une expression de la mal-gouvernance et un obstacle au développement.
Les Martiniquais doivent légitimement s'inquiéter lorsque l'on observe que de zéro euro d'endettement en mars 2010, nous avons atteint 303 millions en mars 2015.
À ces 303 millions d'euros, il convient d'ajouter un endettement plus sourd et plus sournois : les PPP, Partenariat Public Privé. On pourrait tout aussi aisément décliner ce sigle en Pou Pèp-la Péyé...
Les PPP nous ont en effet été présentés comme le summum de l'ingénierie financière, la quintessence de la substantifique moelle de la bonne gouvernance financière. Sauf que l'expérience montre que souvent les PPP sont, en réalité, des dettes laissées aux contribuables par des élus irresponsables.
Le rapport du Sénat français de juillet 2014 met clairement en garde contre les PPP, qualifiés "d'outils à haut risque pour la puissance publique." Ce rapport ajoute : " Les conséquences pour les générations futures peuvent s'avérer très néfastes."
Ces PPP, qui ont tant séduit le PPM, feront ainsi peser de nouvelles dépenses, pendant plusieurs décennies, sur des situations budgétaires déjà fragiles et qui seront de plus en plus fragiles compte tenu du désengagement de l'Etat et de la réduction des moyens des collectivités. A titre d'exemple, la ville de Montauban, qui n'a pas 100000 habitants, dans le cadre de la construction d'un complexe aquatique, doit verser des loyers de 2 millions 200 mille euros, chaque année, à la multinationale VINCI.
La région Martinique a confié à la même multinationale VINCI la conception, la réalisation et le préfinancement du tronçon du TCSP restant (vers l'aéroport/Carrère et vers la place Mahaut) ainsi que l'achat de 18 bus. Cette opération coûtera une centaine de millions d'euros qui, de fait, s'ajouteront aux 303 millions que nous avons déjà indiqués. Durant 22 ans des redevances seront donc versées à la société Caraibus, filiale du groupe VINCI contre lequel, soit dit en passant, plainte a été déposée, dans le cadre de l'organisation de la coupe du monde au Qatar en 2022, pour recours au "travail forcé" des migrants et "réduction en servitude". Certes, le contrat a été signé entre Caraibus et le Syndicat Mixte du TCSP, mais, en bout de chaîne, ce sont les collectivités martiniquaises et le contribuable qui devront payer.
Il apparaît en conséquence que le président de Région plombe la Collectivité Territoriale avant même que celle-ci ne voie le jour.
D'ailleurs, la Martinique souffre déjà de cette gestion calamiteuse : plus de 12 millions d'euros de mandats sont en attente à la paierie régionale à cause du manque de liquidité financière sur le compte de la région. Ce sont des étudiants, des associations, des entreprises, des familles en difficulté, des jeunes sportifs qui pâtissent de ce qu'il faut bien appeler de l'incurie.
La situation au Conseil Général, où la même équipe sévit, n'est pas meilleure. On y retrouve la même politique d'affichage. On y annonce ainsi que l'investissement en équipement est "une priorité" mais on le fait baisser de 9% en 2015 pour atteindre un montant de 66,9millions d'euros ! Rappelons que, sous la mandature de Claude Lise, c'était plus de 100 millions d'euros en 2007 et en 2008.
Une véritable désorganisation des services s'est installée au Conseil Général, générant inefficacité et souffrance au travail. Cette souffrance au travail se traduit par des records d'arrêts maladie et de nombreuses situations de burn-out. Le Conseil Régional, sur ce plan, n'est pas en reste et a connu des drames que nous ne voulons pas rappeler ici.
Nous aurions pu nous en tenir à cette analyse. Les faits sont en effet suffisamment accablants. Cependant, comme vous, j'ai lu dans le quotidien du lundi 20 avril courant, dans une interview accordée par Gabriel Galion au chef de la Nouvelle Mal Gouvernance, un passage qui illustre le niveau de cynisme atteint par le principal responsable de la nébuleuse actuellement au pouvoir.
Jugez-en vous-mêmes... C'est un morceau choisi des réponses du premier rentier du césairisme :
"Luc-Louison Clémenté est chargé, avec d'autres membres de l'alliance, de la rédaction d'une charte éthique. Ceci de manière à ce que tout le monde" -on suppose lui aussi- "soit conscient des limites à ne pas dépasser".
Le président de région en grand pontife de l'éthique ! Toupé pa ka tjwé !
De quelle éthique peut se prévaloir un président de région qui soutient publiquement une première vice-présidente traitant des élus de l'opposition de "chyen abiyé an moun"?
De quelle éthique peut se prévaloir un président de région traitant lui-même, et à plusieurs reprises, les membres de l'opposition "d'indics du SRPJ" ? Quelles sont ses propres limites ?
De quelle éthique peut se prévaloir un président de région qui accepte de voter 40000 euros à une association qui n'a pas deux mois d'existence pour un improbable "gran chawa", alors que des jeunes, des femmes et des hommes de bonne volonté qui avaient envie d'agir pour leur pays se sont vus catégoriquement refuser toute aide au motif que leur association n'avait pas un an d'existence ?
C'est cela le népotisme ! Une politique de faveurs pour les proches et d'exclusion pour les autres.
De quelle éthique peut se réclamer un homme, qui pour tenter de briser une femme qui gênait sa prise de pouvoir au conseil général, a donné ordre à ses troupes de voter une délibération ignoble et lâche laissant croire que cette femme honnête avait détourné des fonds publics ?
Heureusement, la justice a complètement et définitivement lavé l'honneur de madame Frédérique Fanon, laissant ses bourreaux seuls face à leur propre médiocrité morale et à leurs turpitudes.
Enfin, de quelle éthique peut se prévaloir un responsable politique qui, sur l'affaire absolument scandaleuse du détournement de 10 millions d'euros au CEREGMIA, accable et persécute celle qui a eu le courage de dénoncer le crime, tout en protégeant, avec la complicité du gouvernement socialiste, celui par qui le scandale est arrivé ?
La réalité simple est que le président du néo-PPM et ses affidés dépassent toutes les limites et leur prétendue "charte éthique" ne représentera qu'une énième supercherie pour tenter de tromper les Martiniquaises et les Martiniquais.
L'un des aspects les plus inquiétants du système qui a été instauré par l'équipe au pouvoir, c'est l'organisation délibérée et systématique du mensonge et de la manipulation.
L'augmentation notable du budget communication de la collectivité régionale illustre une stratégie confinant au harcèlement médiatique de la population martiniquaise. L'argent public sert en définitive à financer des organes de presse ou des émissions transmettant une vision unilatérale au service d'un clan politique, excluant toute contestation de la pensée unique. L'IMSEPP, dont la mission consiste à donner un vernis scientifique à la propagande du président de région , incarne un des instruments de ce dispositif d'un autre âge.
Martiniquaises,
Martiniquais,
Camarades et amis,
L'obligation de vaincre en décembre est une sommation que nous adresse notre peuple.
Ça suffit des postures qui valent impostures !
Ce qui est en jeu, ce n'est pas notre ego, ce n'est pas notre destin personnel, ce ne sont pas les jeux et enjeux subalternes de pouvoir.
Ce qui est en question, c'est le futur de notre peuple et de notre pays.
Nous devons poursuivre nos efforts d'unité au-delà de celles et de ceux qui sont présents aujourd'hui.
Mais nous devons surtout mobiliser le peuple, le rassembler, lui redonner conscience et confiance. Car tout dépend de lui. La victoire dépend de lui. De lui seul.
Dans ces moments particuliers de notre histoire, il ne s'agit pas seulement de "faire peuple". Il faut, profondément, viscéralement, être peuple, penser en peuple responsable et agir en peuple responsable.
Il y a des peuples qui se sont croisés les bras.
Il y a des peuples qui ont baissé les bras.
Il y a des peuples qui ont disparu.
La Martinique n'a le droit ni de se croiser les bras, ni de baisser les bras. Nous ne pouvons pas renoncer à notre futur. Or notre futur c'est maintenant, dans les choix que nous faisons, dans les luttes que nous engageons.
Nos responsables, nos militants, nos sympathisants doivent, quotidiennement, être au front, avec et pour le peuple martiniquais afin de redresser notre pays et lui ouvrir tous les champs du futur.
La victoire sera nôtre.
Merci.
Francis CAROLE
Président du PALIMA
2000 participants au Gran Sanblé de Rivière Salée