AN - ALFRED MARIE-JEANNE : "L'UAG A ÉTÉ AMPUTÉE AVEC L'APPUI DE DEUX MINISTRES ISSUS DES OUTRE-MER"

amj.an.jpgMonsieur le Président,

Mme la  Ministre
Collègues de l’Assemblée,

 
A moins de jouer à l’inconscient, il faut reconnaître que le monde dans lequel nous évoluons voit la cadence de ses mutations s’accélérer jour après jour. 

La réalité a dépassé la fiction ; au point que l’obsolescence a une espérance de vie de plus en plus éphémère. Conséquence inéluctable, réformer est devenu une exigence permanente.

L’enseignement est au cœur de ce débat incontournable qui englobe la petite enfance jusqu’à l’Université.

L’actualité nous rappelle opportunément que le collège a perdu son latin, et que la renommée de l’Université s’est dégradée. 

Plus spécifiquement, c’est l’Université des Antilles et de la Guyane qui s’est lézardée il n’y a pas si longtemps.

Pareil à un tsunami, ce démantèlement continue de faire des vagues annonciatrices de possibles destructions nouvelles.

 

 

 

Plus spécifiquement, c’est l’Université des
Antilles et de la Guyane qui s’est lézardée il n’y a pas si longtemps.

Pareil à un tsunami, ce démantèlement continue
de faire des vagues annonciatrices de possibles destructions nouvelles.

Pour preuve manifeste, la création de
l’Université des Antilles se fait au forceps dans une ambiance délétère,
renversante, frisant le schizophrène.

Ma crainte légitime, au regard des manœuvres mises
en œuvre, des déclarations menaçantes proférées, c’est d’assister dans de
telles conditions à l’accouchement d’une Université croupion, d’une Université
avorton.

Cette manière de procéder me laisse pantois mais
pas sans voix.

A ceux qui font mine d’oublier, un bref rappel
historique s’impose. L’UAG, une Université des Outre-Mer a été amputée avec
l’appui délibéré de deux Ministres issus des Outre-Mer.

C’est surprenant et paradoxal.

Ils n’ont même pas eu la décence ni la claire
voyance de laisser perpétrer ce mauvais coup par d’autres.

Qui plus est le parlementaire que je suis et
avec moi bien d’autres ont été mis devant le fait accompli.

Ce geste est choquant, blessant, mais aussi
cavalier et douteux.

Ainsi, l’Université de Guyane a été mise sur
pied en un temps record pour 2000 étudiants, allant ainsi à contre-courant de
la politique de regroupement soutenu ardemment par le gouvernement.

Il y a forcément anguille sous roche derrière
tous ces micmacs.

Quant à l’Université des Antilles, 11000
étudiants sont attendus. Il s’agit de consolider une Institution qui doit être
à la base du développement bien compris des deux territoires, Guadeloupe et
Martinique.

Au lieu d’aller à l’apaisement, on vire en cours
de route le rapporteur. Monsieur Yves DURAND remplaçant Monsieur Christophe
PREMAT.

Quels que soient son mérite personnel et le
respect qui lui est dû, il est nommé pour empêcher l’instauration d’un ticket à
trois, garante de la cohérence et de l’Unité de l’Université des Antilles.

En effet, expliquez-moi par quelle opération du
Saint-Esprit, l’Université des Antilles pourra-t-elle fonctionner valablement
et être viable et crédible avec trois têtes susceptibles de regarder dans trois
directions opposées ? Ce serait tout simplement aberrant et désastreux.

Et comme par hasard, les Présidents des Régions
concernées portent leur caution solidaire à cette démarche somme toute
inavouable.

Telle est l’Université boiteuse que l’on veut à
tout prix nous imposer. Parce qu’une Présidente a eu le courage de défendre
l’Université contre vents, marées et tempêtes ;

Parce qu’elle a eu l’audace de lutter fermement
contre la corruption, on voudrait définitivement affaiblir tous les futurs
présidents.

Quelle inconséquence !

Inconséquence d’autant plus piteuse que tout
futur Président ne sera élu que pour 5 ans non renouvelable.

Il est permis de se demander pourquoi alors dans
l’accord politique pris le 7 juillet 2014 entre la Ministre de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche et les Présidents de Région, il n’est pas du tout
question du scandale du CEREGMIA qui gangrène l’UAG depuis une vingtaine
d’années !

En définitive les positions des uns et des
autres sont nettement claires et tranchées.

D’un côté, le clan de ceux qui soutiennent les
faillis en leur prodiguant un soutien sans faille.

De l’autre, le camp de tous ceux qui sans être
des infaillibles pensent que l’honneur, la dignité et la responsabilité doivent
être aux commandes de l’Action Humaine avant toute autre considération.

En conclusion,

C’est le rapporteur qui souligne
que : 

« Ni le pôle guadeloupéen, ni le pôle martiniquais,
qui ne rassemble chacun qu’environ 5000 étudiants, ne disposent en effet de la
masse critique suffisante pour préserver une attractivité et un rayonnement
scientifique suffisant, tant à l’égard des étudiants, des enseignants-
chercheurs que des indispensables partenaires métropolitains et
internationaux. »

Ces propos tombent comme un couperet.

L’édifice menace de crouler avant d’être édifié.

De délit en délit, de déni en déni, et dans tout
cet embrouillamini, on appelle à la rescousse pour répéter que la Martinique
avance !

Constatons qu’elle avance à tâtons, qu’elle
avance à  reculons.

 

Alfred
MARIE-JEANNE

 

Paris
le mercredi 20 mai 2015