Un rapport accablant de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion de Serge LETCHIMY
par Louis BOUTRIN
Le dernier rapport de la Chambre Régionale des Comptes relatif à la gestion de la ville de Fort de France durant la période 2004-2010 est plutôt édifiant. De quoi rendre discret et modeste le gestionnaire de l’époque. Mais ne dit-on pas que « la modestie va bien aux grands hommes ». Il faut bien croire que le maire concerné, qui n’est autre que l’actuel président de Région, n’en est pas un !
Depuis son palais de marbre de Plateau Roy, il multiplie les audits privés avec l’argent du contribuable et s’érige aujourd’hui en grand expert en finances publiques.
En guise du débat imposé par la loi sur le Rapport de la Chambre Régionale des Comptes - gestion régionale de 2006 à 2013 -, les Martiniquais ont eu droit à une proclamation urbi et orbi d’un prétendu déficit de 49 millions d’euros (2009) tiré d’un rapport commandité à l’agence Ernst & Young !
Or, curieusement, les magistrats de la Chambre Régionale des Comptes, de hauts fonctionnaires issus de l’ENA, n’ont pas du tout la même analyse que les « Juniors » de l’agence Ernst & Young.
Pour la CRC, il n'a pas lieu de revenir sur l'équilibre du Compte Administratif 2009 (page 24 du Rapport de la CRC) ce d'autant que dans sa réponse à Alfred Marie-Jeanne, le Préfet de Martinique, garant de la légalité des actes pris par les Collectivités territoriales, avait reconnu que "les budgets et comptes administratifs pour l'année 2009 ont été présentés en équilibre". (Lettre du Préfet du 19 mars 2012).
La manœuvre était donc habile et le message subliminal bien relayé par certains médias. Mais, c’était sans compter sur la vigilance des élus du groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants qui ont dénoncé cet écran de fumée et démonté point par point cette lamentable manipulation du peuple.
En réalité, toutes ces tentatives de Serge Letchimy, à quelques mois des élections pour la Collectivité Territoriale de Martinique, visent à démontrer que la gestion de son prédécesseur était mauvaise. Histoire d’écorner l’image de « bon gestionnaire » laissée par Alfred Marie-Jeanne au sein de la population.
Cependant, on ne saurait laisser prospérer pareille offensive de déstabilisation sans rappeler les observations de la Chambre Régionale des Comptes relatives à la gestion 2004-2010 de la Ville de Fort de France sous la mandature de Serge Letchimy (Voir PDF - intégralité du rapport de la CRC en PJ) :
LA GESTION CALAMITEUSE DE SERGE LETCHIMY
En page 18 : A partir des résultats d’exécution budgétaire, la juridiction financière stigmatise « Des résultats comptables souvent négatifs entre 2004 et 2010 »,
En page 10, la CRC est sans concession pour la gestion de Letchimy : « En matière de transparence budgétaire et financière, l’absence de communication de certaines annexes aux documents budgétaires constitue un défaut d’information des élus, des partenaires de la ville et des citoyens ».
Toujours en page 10, la fiabilité des comptes de la ville de FDF est mise en cause « Absence de production de l’état des actifs de la collectivité », (…) « Compte tenu des insuffisances et lacunes existantes au moment du contrôle, la vision patrimoniale de la ville de Fort de France ne peut être actuellement considérée comme sincère et complète » … (OUPS !)
En page 11 « La ville ne s’est pas mise à jour du recensement obligatoire de son patrimoine » (…) « Un suivi incertain de la comptabilisation des immobilisations en cours » (OUPS !)
En page 13 « La ville de Fort-de-France n’a pas constitué de provisions relatives à ces risques » (OUPS ! Et, tel est pris qui croyait prendre ! A Plateau Roy, d’un ton péremptoire, l’actuel président de Région adresse ce même reproche à son prédécesseur)
En page 21, un endettement croissant : « Sur la période allant de l’exercice 2004 à l’année 2010, le volume de la dette de la ville enregistre une très fort augmentation » (OUPS !)
En page 22 « L’endettement de la ville augmente ainsi globalement de 50 millions d’euros en sept ans »,
En page 26 « une impasse de financement des investissements » : « Pour l’ensemble des années 2000, la ville de Fort de France n’a dégagé un autofinancement net (autofinancement brut moins amortissement annuel du capital de la dette que pour deux années seulement, en 2003 et en 2010 » (OUPS !)
En page 27, « Par comparaison avec des collectivités de la même state, on constate que la ville de Fort-de-France n’a pas réussi à redresser la situation de son autofinancement ».
En page 38, les conclusions de la CRC sur cette gestion PPM et singulièrement celle de Letchimy à la Ville de Fort de France sont sans concession :
« Au terme du précédent contrôle de la Chambre, portant sur les années 1990 à 2000, il était apparu que les comptes de la ville de Fort de France ne respectaient pas toutes les règles de forme et de fond permettant une compréhension normale de ses opérations budgétaires et garantissant ainsi la sincérité de ses comptes ».
(…)
« Dix ans plus tard, malgré certaines améliorations, la situation financière de la ville comporte encore un certain nombre d’éléments préoccupants ».
Ces conclusions de la Chambre Régionale des Comptes résument bien la gestion calamiteuse de Serge Letchimy à la ville de Fort de France (après celle de la SEMAFF !).
Arrivée aux affaires à la Région Martinique, cette réputation de piète gestionnaire lui colle à la peau. Pour tenter de s’en défaire, l’ex-maire de Fort-de-France s’est lancé dans une stratégie obsédante de déstabilisation de son prédécesseur, oubliant au passage que la valeur d’un homme ne se mesure pas aux manquements supposés de son adversaire.
Pourtant, à quelques mois de la mise en place de la Collectivité Territoriale, les enjeux pour le pays sont ailleurs ! A cet effet, le rapport de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion régionale 2006-2013 devrait nous interpeller : « l’endettement cumulé du Conseil régional et du Conseil général sera problématique pour la Collectivité Territoriale de Martinique ». Un constat qui devrait nous conduire à multiplier les initiatives de transition.
Force est de constater, après 4 années de mandature Letchimy au Conseil régional, que le pays Martinique n’a toujours pas pris ce chemin.
Martinique, le 12 février 2014
Louis BOUTRIN
Conseiller régional de Martinique
PJ : Cliquez sur le lien ci-dessous pour avoir l'INTÉGRALITÉ du Rapport de la CRC.