Nous sommes donc arrivés dans la dernière ligne droite conduisant à l'élection de la Collectivité Territoriale de MARTINIQUE le 6 décembre prochain. Elections cruciales qui conduiront à la formation d'une sorte de "gouvernement de la Martinique", ce que beaucoup de gens, y compris des intellectuels et des militants aguerris, n'ont toujours pas compris. En effet, beaucoup dénoncent le caractère "anti-démocratique" de la commission exécutive, l'organe dirigeant de la future collectivité, en la comparant à l'actuelle "commission permanente" du Conseil régional au motif que cette dernière devait obligatoirement accueillir des membres de l'opposition, ce qui ne sera pas le cas de la Commission exécutive. Or, depuis quand un gouvernement accueille-t-il des membres de l'opposition en son sein ? Dans quel pays a-t-on jamais vu ça ? Sauf dans les cas où cette opposition fait allégeance à la majorité, mais dans ce cas, elle cesse automatiquement d'être une opposition.
Un gouvernement (fut-il local et non national) doit gouverner et donc mettre en oeuvre ses décisions et c'est ce qui se passe depuis longtemps en Polynésie française. La Martinique n'innovera absolument pas dans ce domaine et l'on constate que cela n'a absolument pas conduit à l'indépendance de ce territoire du Pacifique quand bien même il a été à certains moments dirigé par l'indépendantiste Oscar Temaru. Le "gouvernement" de la Martinique aura donc d'importantes prérogatives et disposera d'un budget conséquent de l'ordre de 1,100 milliard d'euros. Il faudra donc que le 6 décembre prochain les Martiniquais soient extrêment vigilants pour ne pas élire des personnes qui non seulement ont fait preuve de leur incompétence, mais qui en plus, pour certaines, sont mêlées à des affaires pas très claires.
Reconduire le PPM et ses alliés serait une catastrophe pour les 12 raisons ci-après :
1. 5.000 emplois : lors de son élection à la tête de la Région en janvier 2010, Serge LETCHIMY avait annoncé à cors et à cris qu'il allait créer cinq mille emplois. Annonce déjà curieuse en soi puisque en système capitaliste, ce sont principalement les entreprises qui créent des emplois et non les collectivités ou les administrations. Tout ce qu'une collectivité peut faire, c'est créer des conditions favorables pour accueillir des entreprises sur son territoire lesquelles entreprises vont créer de l'emploi. Or, cinq ans après l'annonce des 5.000 emplois, le chômage a dramatiquement augmenté à la Martinique selon l'INSEE puisqu'on est passé d'environ 42.000 chômeurs en 2010 à près de 50.000 aujourd'hui. Tout ce que la Région a pu faire, c'est augmenter de façon considérable son propre personnel. Par exemple, le service "Communication" est passé de quatre personnes sous MARIE-JEANNE à...17 sous LETCHIMY. Sans compter les multiples embauches relevant du népotisme et du clientélisme comme cela a été dénoncé sur les réseaux sociaux.
2. 17 zones d'activité économiques. Toujours après sa victoire de 2010 et par la voix de Catherine CONCONNE, le PPM et ses alliés ont annoncé la création de 17 zones d'activité économique un peu partout à travers la Martinique. Ces zones étaient censées accueilir des entreprises qui permettraient un redémarrage économique dans chacune des communes concernées et donc favoriseraient l'emploi. Or, cinq ans plus tard, que constate-t-on ? Une seule de ces zones à vu le jour et cela sur le territoire de la commune de Saint-Joseph, dirigée par un maire PPM. Ladite zone est...une déchetterie !!! Cela en plein quartier résidentiel, ce qui est formellement interdit par la loi. Depuis quelques mois, les riverains sont en lutte pour faire arrêter le projet, mais ne semblent être guère entendus.
3. Gestion régionale. Sous la mandature d'Alfred Marie-Jeanne, la Région Martinique était classée 12è sur 26 régions françaises pour ce qui est de la gestion, chose que l'économiste Jean CRUSOL du PPM avait alors qualifié avec mépris de "gestion de boutiquier". Sous la mandature de Serge Letchimy, notre région a brutalement décroché, elle a même dégringolé tout au fond du classement, devenant 25è soit...avant-dernière !!! Ce n'est pas l'opposition au PPM qui le dit, mais la très sérieuse revue économique française "CAPITAL"..
4. Le lycée de transit Victor Fouche. A l'entrée de l'ancienne Maternité de Redoute, un grand panneau annonce qu'un lycée sera construit et qu'il ouvrira en...2013. Nous sommes en 2015 et ledit lycée censé accueillir les élèves du lycée Schoelcher, le temps qu'on reconstruise ce dernier, n'a toujours pas ouvert ses portes ! Sans compter que rien n'a été prévu pour atténuer les nuisances entraînées par les travaux pour les riverains qui se sont constitués en association et ont dénoncé celles-ci. On se souviendra que la municipalité de Fort-de-France avait refusé d'acorder à la Région, alors dirigée par Alfred MARIE-JEANNE, le permis de destruction des bâtiments pourtant vétustes et dangereux en cas de tremblement de terre, ce qui aurait permis de reconstruire le lycée. Le panneau annonce maintenant l'ouverture du lycée pour la rentrée de septembre 2016 alors même que le coût des travaux a augmenté entre temps de 24 millions d'euros !!! En effet, au départ, ce lycée de transit devait coûter 11 millions d'euros, mais à l'arrivée, il aura coûté...35 !!!
5. La Tour LUMINA. Méga-investissement d'entrepreneurs triniadiens et locaux, la Tour Lumina, alias Dubaï-sur-Bord-de-Canal, a fière allure et dans l'esprit de ses concepteurs, veut sans doute signifier l'entrée de la Martinique dans la modernité. Faut-il rappeler qu'elle est construite sur des terres gagnées sur la mer et qu'avec le réchauffement climatique, elle est directement menacée par la montée des eaux des océans, voire par les tsunamis ? D'autre part, elle était censée accueillir des entreprises qui y loueraient ou y acheteraient des locaux. Or, à ce jour, la Tour LUMINA n'illumine rien du tout la nuit. C'est qu'elle est quasiment-vide et n'abrite pour l'essentiel que certains services du...Conseil régional à qui l'espace est très chèrement loué. Autrement dit, l'argent de nos impôts sert à entretenir l'illusion d'un Dubaï sans pétrole...
6. L'affaire X-PAY. Un système de paiement en ligne local appelé X-PAY a été créé avec à sa tête un important dirigeant du PPM. L'idée de départ est intéressante : permettre aux petites et moyennes entreprises de développer leurs ventes en ligne. Une sorte de PAYPAL martiniquais en beaucoup moins cher donc. Des dizaines de petites et moyennes entreprises ont donc fait confiance à X-PAY sauf que pour des raisons qui restent à élucider, son responsable démissionne (à la demande du PPM, dit-on) et le système se crashe, entraînant dans sa chute lesdites entreprises dont beaucoup sont passées de vie à trépas. Fait curieux : quelques semaines avant le crash, le capital de la société est augmenté à hauteur de 3 millions d'euros. Vous avez dit bizarre...
7. La Formation professionnelle. S'il y a bien un domaine dans lequel la Région Martinique a amentablement échoué, c'est bien celui de la Formation professionnelle puisque, pour ne prendre que ce seul exemple, quasiment tous les centres de formation agricole de l'île ont fermé. L'AFPA, qui a formé avec succès des générations d'artisans martiniquais dans presque tous les secteurs d'activité, outil donc fiable et performant, va être remplacé par un EPIC doté d'un budget de 12 millions d'euros, établissement qui sera dirigé par...Catherine Cojconne dont chacun connaît le talent de gestionnaire à la tête des magasins de chaussure qu'elle a dirigés.
8. Le soutien au CEREGMIA. Le PPM et ses alliés n'ont cessé de clamer tout au long de ces années que la jeunesse est une priorité pour eux. Sauf qu'il y a un peu plus de 4.500 étudiants qui fréquentent chaque jour le campus de Schoelcher et qu'on a du mal à percevoir en quoi la Région s'intéresse à eux et à leur avenir puisque loin de condamner les détournements de fonds européens, à hauteur de 10 millions d'euros, qui y ont été faits par un groupe d'affairistes appelé CEREGMIA, le PPM se tait. Les dirigeants du CEREGMIA étant membres ou sympathisants du PPM, ce dernier les a même soutenus et continue de les soutenir, malgré 4 rapports accablants dont 2 de la Cour des comptes, 1 du Sénat et 1 de l'IGAENER (Inspection Générale de l'Education Nationale et de la Recherche). Malgré leur mise en examen par le Procureur de la République à Fort-de-France pour "détournements de fonds publics et escroquerie en bande organisée". Or, à cause du trou creusé par le CEREGMIA, voici que l'Université des Antilles devra rembourser 750.000 euros chaque année jusqu'en 2021 ! Cela ne dérange absolument pas le PPM. Sans compter les tonnes d'injures, de diffamations et de menaces déversées depuis bientôt trois ans par les mafieux contre la présidente de l'Université, ses collaborateurs et ses soutiens.
9. Le déficit de la CACEM. En 2007, Serge LETCHIMY, président de la CACEM, cette communauté d'agglomérations qui rassemble Fort-de-France, Le Lamentin, Saint-Joseph et Schoelcher, a laissé un déficit considérable à la fin de son mandat. Lorsque Pierre SAMOT, maire du Lamentin, lui a succédé et a voulu lancer un audit financier, le leader du PPM a pesé de tout son poids pour empêcher que la chose se réalise. En réalité, Le Lamentin, par le biais de la CACEM, avait fini par devenir le financier d'une ville de Fort-de-France criblée de dettes. Et aussi son Pôle Emploi puisque nombre de personnels municipaux foyalais y ont été affectés au fil du temps, manière habile de dégraisser le mammouth letchymo-laguerrien.
10. Le non-respect de l'opposition. Jamais une opposition n'aura été autant maltraitée dans une collectivité martiniquaise qu'à la Région durant la mandature de Serge Letchimy. Insultes, doigt d'honneur, menaces etc..., tout cela dans l'hémicycle, en plénière et sans que le Président de Région rappelle à l'ordre ses "soldats" auto-proclamés. Y participant lui-même aussi lorsqu'il lance à un élu de l'opposition : "Sé lè ou lé, la ou lé !". Comme un vulgaire "majò" de quartier. Le lexique des injures PPM est plutôt étendu : "chien abiyé an moun", "dos-d'âne", "prof au rabais" etc...Il est tout autant que celui du CEREGMIA qu'il protège : "crétin sonore", "Incompétents", "délinquants", "résidente", "boule de merde enveloppé dans du papier-cadeau" et autres joyeusetés.
11. Le TCSP. C'est Alfred MARIE-JEANNE qui a lancé le chantier du TCSP et la Région, sous sa mandature, avait prévu de faire un tramway. Elu en 2010, Serge LETCHIMY a changé de véhicule, préférant un bus au lieu du tramway et modifiant le trajet prévu, ce qui a déjà entraîné un surcoût de plusieurs dizaines de millions d'euros. Pire : il a livré le TCSP pieds et poings liés à des multinationales comme Vinci, au lieu de privilégier des entreprises locales en sectionnant le marché. Du coup, Vinci s'est retrouvé avec un véritable fromage sous la dent et en profite tout naturellement. Evidemment tout cela a un coût : l'endettement de la Martinique pour vingt ans pour un TCSP-bus dont personne ne sait s'il va séduire les voyageurs. Du reste, les premiers essais du fameux bus dans les rues de Fort-de-France se sont révélés catastrophiques : trottoirs trop larges pour leur passage etc...Pire : le TSCP devait coûter au départ 245,8 millions d'euros. Il reviendra finalement à 401 millions ! Soit un surcoût de...150 millions d'euros !!!
12. Le Grand Saint-Pierre et l'Embellie des Trois-Ilets. Mise en œuvre par l'écrivain Patrick CHAMOISEAU, par ailleurs plume de Serge LETCHIMY, ces deux projets devaient être le Grand Œuvre de la mandature PPM à la Région. Il s'agissait ni plus ni moins, en mettant "l'imaginaire" au pouvoir, de faire renaître non pas de ses cendres, mais de son actuelle léthargie, la ville martyre, mais aussi de redonner du "balan" à toute la côte Nord-Caraïbe. Pour Trois-Ilets, il s'agissait de redonner du souffle à une région qui, en dépit de ses formidables atouts touristiques, est à la peine et à la traîne. Tout cela était très beau sur le papier, mais sur le terrain, on n'a rien vu venir. Sauf une quinzaine d'étranges totems fichés à l'orée de la ville de Saint-Pierre. totems chèrement payés à leurs concepteurs, semble-t-il...
Il y aurait cent autres raisons de ne pas donner son bulletin de vote à la liste EPMN le 6 décembre prochain. Comme cette tentative pitoyable de dissimuler les 240 millions d'euros de dettes régionales, ce qu'ont dénoncé les Patriotes et sympathisants ou la très étrange affaire "BOODOOM". Ou encore les fils et neveux impliqués dans des trafics de stupéfiants...
Pour toutes ces raisons, il serait inconcevable que les Martiniquais reconduisent le PPM et ses alliés aux affaires. Il faut leur donner comme on dit en créole leur "biyé-pa-lapenn" !
SOURCE : MONTRAY KREYOL