Mauvais sort pour Sarkozy
Estimant que "la décision n'était pas conforme à la jurisprudence", l'avocat du chef de l'Etat, Me Thierry Herzog, a interjeté appel.
L'affaire pourrait être jugée vendredi ou lundi.C'est la première fois qu'un président de la République française perd un procès pour atteinte au droit à l'image.
Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing avaient obtenu gain de cause en 1970 et 1976, tandis qu'en février le président Sarkozy avait obtenu la condamnation de la compagnie aérienne Ryanair.
"Cette représentation non autorisée de l'image de Nicolas Sarkozy ne constitue ni une atteinte à la dignité humaine, ni une attaque personnelle", a fait valoir mercredi le tribunal de grande instance de Paris, statuant en référé.
Elle "s'inscrit dans les limites autorisées de la liberté d'expression et du droit à l'humour", ont ajouté les magistrats Isabelle Nicolle, Nicolas Bonnal et Anne-Marie Sauteraud.En conséquence, ont-ils précisé, "M. Nicolas Sarkozy sera débouté de ses demandes, la diffusion de la poupée litigieuse ne caractérisant pas une atteinte fautive à son droit à l'image ni un trouble manifestement illicite".
En vente depuis le 9 octobre dans les librairies et sur internet, le "Manuel vaudou, Nicolas Sarkozy" est un livre-objet présenté dans un coffret contenant une poupée de tissu, un lot de 12 aiguilles ainsi qu'un ouvrage de 56 pages.Outre une biographie humoristique de M. Sarkozy, le manuel propose "un grand nombre de sortilèges magiques" et invite le lecteur à planter des aiguilles sur la poupée à son effigie pour "conjurer le mauvais oeil".
La poupée est en outre bardée d'expressions qui ont jalonné la vie politique de Nicolas Sarkozy, du mot "racaille" dont il avait qualifié des jeunes de banlieues défavorisées, au "Casse-toi pauv'con" lancé au salon de l'Agriculture à un homme qui refusait de lui serrer la main.Un coffret Ségolène Royal est aussi diffusé mais, amusée, la socialiste n'a pas poursuivi l'éditeur.
Saluant mercredi "une bonne nouvelle", elle a critiqué une situation dans laquelle "un pouvoir en place commence à pourchasser les caricaturistes"."Même s'il peut apparaître déplaisant à certains égards d'inciter le lecteur à planter des aiguilles dans une poupée de tissu à l'effigie d'une personne", les juges ont rappelé qu'ils n'avaient pas "à apprécier le bon ou mauvais goût du concept proposé".
Et ce d'autant "que nul ne peut prendre au sérieux ce procédé et croire qu'il prônerait un culte vaudou tel que pratiqué aux Antilles".