On comprend alors sa réaction sur sa balle de match convertie, titubant presque sur le court, complètement sonné par le déluge d'émotions qui s'abattait sur lui. En larmes en saluant le public, le protégé d'Eric Winogradsky a tout simplement plongé les 14 000 personnes présentes dans l'émotion pure que procure un moment tel que celui-ci. Assuré de se classer lundi septième au classement technique, devenant ainsi le 10e joueur français à intégrer le Top 10 depuis 1973 et la création du classement ATP, Jo-Wilfried Tsonga, 23 ans, gardera à jamais dans sa mémoire ce moment si particulier..."Tout le monde a participé à ma victoire aujourd'hui, a-t-il déclaré micro en main sur le court au côté de Cédric Pioline après avoir reçu le trophée des mains d'Alain Bernard. Toute cette force, je l'ai puisée dans les gens qui m'entourent."
Vingt-cinq aces...
Une force, une puissance maîtrisée, une force mentale qui ont privé David Nalbandian d'un deuxième titre d'affilée à Paris inédit dans l'histoire du tournoi. Mais cette finale ne pouvait échapper au Manceau, tant il s'est battu pour aller chercher la plus belle victoire de sa carrière. Ce combat, ce choc au sommet si crucial offrant au vainqueur une qualification pour Shanghai, le Français l'a débuté de la meilleure des façons. Dans le bon rythme dès les premières balles, Tsonga profitait de la fébrilité adverse pour breaker dès le deuxième jeu sur une double faute de l'Argentin. S'appuyant sur sa frappe de balle, allant vers l'avant, il décochait un coup droit supersonique pour mener en un rien de temps 3-0. Alignant les aces (25 au total !), l'intraitable « Jo », impérial également en retour, était en total contrôle. A 5-3 service à suivre, il se procurait trois balles de set après avoir claqué deux aces. Un service gagnant lui offrait logiquement la première manche (6-3).
Le visage crispé, Nalbandian tentait de tourner la page de ce premier set au plus vite. Mais sa fébrilité l'empêchait d'installer véritablement son jeu. Imprécis à la volée, il se voyait contraint d'effacer une balle de break dès le premier jeu du deuxième set. Contraint de batailler pour remporter chacune de ses mises en jeu, l'Argentin s'accrochait pour mener 2-1, malgré la pression imposée par le Français. Ce dernier continuait son entreprise de démolition au service, croquant dans la balle avec un appétit féroce, donnant une impression de facilité qui contrastait avec les efforts déployés par son rival. Et c'est sur un jeu blanc que le Français égalisait à 3-3. Nalbandian, le visage fermé, montait toutefois en puissance, à mesure que le Manceau laissait apparaître des signes d'énervement. Moins patient, Tsonga, coupable d'une double faute, se retrouvait ainsi mené 0-40. C'est alors qu'il sortait le grand jeu. Intraitable, il claqua deux aces et réalisa un enchaînement parfait vers l'avant pour revenir à égalité. Et c'est sur un nouvel ace, le quatrième dans ce jeu, qu'il égalisait à 4-4. Exultant et poussant le public à le soutenir, Tsonga mettait le POPB en transe.
Un mental d'acier
La température retombait toutefois très vite à 5-4 en faveur de Nalbandian. Sur le service du finaliste de l'Open d'Australie, le Gaucho se procurait trois balles de set en menant 0-40. Cette fois, le natif de Cordoba ne laissait pas passer l'occasion et s'emparait de la manche sur une faute du Tricolore (6-4). Le match était relancé et le tenant du titre, le poing serré, pouvait se retourner vers son clan. Monstre de combativité, Tsonga repartait tout de suite au combat. A 1-1, son opiniâtreté était récompensée en trouvant la faille sur le service adverse. Une faute en revers du 8e joueur au classement technique lui offrait le break dans cette ultime manche (2-1). Un nouvel ace, son 21e, lui permettait de se détacher 3-1.
Tsonga n'avait toutefois pas match gagné. Loin de là. A 3-2 en sa faveur, il devait faire face à une balle de break, qu'il effaçait d'un ace vengeur. Une accélération de revers le plaçait ensuite dans des conditions idéales en menant 5-3. Puis vint le moment tant attendu quand, après avoir été à deux reprises à deux points du match sur le service adverse, il avait la possibilité de conclure le match sur son service à 5-4. C'est alors que son bras tremblait. La pression, forte, s'abattait sur lui avec trois balles de break à sauver (0-40). Mais là encore, il fit le vide, puisa dans ses réserves pour revenir à égalité et se procurer une balle de match. La suite, on la connaît... Tsonga est au paradis et le public aussi...