Carbet – Anse Turin - 24 avril 2025. Cette histoire sordide se déroule au beau mitan de la majestueuse plage des raisiniers, source d’inspiration pour Paul Gaughin, haut lieu de villégiatures où baigneurs et vacanciers viennent patauger dans une eau habituellement limpide et cristalline. Ciel couvert et orageux en ce jeudi matin où notre bonhomme observe les allers et venues d’un plaisancier pris en flagrant délit de rejet de matières fécales en mer. Interpellé par notre observateur, ce plaisancier fouteur de merde se fait réprimander vertement, la quête du buzz aidant et l’opportunité de créer une vidéo virale étant trop belle pour la louper !
« Vous n’irez pas en France, faire ça !
Vous vous foutez de la gueule des Antillais, des Martiniquais !
De la houille, vous foutez de la merde là où les gens se baignent et vous dites que c’est de la houille !
Et ce monsieur s’amuse à foutre de la merde là où l’on se baigne et il dit que c’est la nature, c’est la houille. Vous allez faire cela en France… chez vous ? (…)
Et, caméra oblige, le ton monte d’un cran :
« puisque vous vous foutez de la gueule des Martiniquais !
Je vais vous foutre la main à la gueule tout à l’heure … » (eh ben dis donc !)
(…)
Vous venez ici au pays et vous nous respectez puisqu’on va pas vous dérespecter chez vous.
Avant de lancer la petite phrase scélérate et abjecte, censée faire trembler plus d’un téméraire, Myke Tyson et Teddy Riner compris : « NOUS SOMMES ICI CHEZ NOUS ! »
« Vous vivez parmi nous, vivez bien. Soyez respectueux.
Vous foutez la merde avec vos bateaux dans toute la baie là où l’on se baigne.
On se baigne dans votre merde. Vous n’allez pas faire cela en France ! ».
Tout est dit ! Une vidéo de plus comme tant d’autres me direz-vous ?
Sauf que dans cette histoire sordide aux relents nauséabonds, il y a comme un hic.
En effet, notre bonhomme aux cris d’orfraie qui se met en scène sur les réseaux sociaux n’est ni plus ni moins que Georges Vilar, 6° adjoint au maire Jean Claude Écanvil. Obnubilé par sa séquence vidéo, l’élu municipal oublie l’essentiel : une simple photo de la plaque d’immatriculation du bateau. Et, faute d’avoir apporté cet élément matériel de l’infraction, la police municipale n’a pas pu répondre favorablement à la demande de la police maritime pour verbaliser le contrevenant. No comment !
Alors oui, si véritablement on se baigne dans la merde aux Raisiniers, il va bien falloir désigner les responsables, ceux là-mêmes qui depuis 3 mandatures (17 ans à la date d’aujourd’hui) n’ont pas fait bouger la commune d’un iota se contentant d’abondantes gesticulations festives en lieu et place des nécessaires politiques publiques notamment en matière d’aménagement et d’économie bleue d’où la cascade de questions, toutes aussi légitimes les unes que les autres :
Qu’a donc fait le Maire Jean-Claude Écanvil et ses acolytes (dont Gérard Monstin & Georges Vilar, les deux Califes autoproclamés !) pour nous épargner de cette merde qui remonte aujourd’hui à la surface ?
À quel moment la Commune du Carbet a-t-elle pris une délibération visant à interdire le mouillage des navires sur le littoral communal ?
Où est donc le projet de Zones de Mouillage Organisée sur le Carbet porté par la CCI – SAFÈGE – PARETO ECOCONSULT et dont l’étude de faisabilité date de décembre 2015 (ayen dépi 10 ans !) ? Quid de l’abandon par la Commune du Carbet du Projet de Zone de Mouillage et d’Équipements Légers (ZMEL) objet pourtant d’un arrêté préfectoral du 06 déc. 2022 ? Cette zone de mouillage organisée ne permettrait-elle pas d’offrir un accueil digne de ce nom aux plaisanciers, d’en tirer des redevances profitables aux Carbétiens, de créer des emplois et surtout d’organiser un contrôle des rejets des eaux usées (noires et grises) en mer source de pollutions et de désagréments manifestes ?
Combien de penny de l’économie de la plaisance dans les caisses de la Commune pour notamment les associations, les marins-pêcheurs ? Et pourtant, nos nuits sont illuminées de tous ces navires amarrés gracieusement, de l’Anse Latouche à l’Anse Turin, quand les îles voisines de la Caraïbe en tirent des recettes substantielles. Pourquoi avoir accepté tous les inconvénients de ces mouillages sauvages plutôt que tirer les bénéfices d’une ZMEL ?
Autant de questions évidentes qui demeurent sans réponse mais qui révèlent, une fois de plus, une fois de trop, l’amateurisme chronique dans la gestion des affaires communales.
Jean Laurent ALCIDE