Suite à la lettre ouverte de Serge LETCHIMY, le PALIMA, par la voix de son président Françis CAROLE, monte au créneau.
A quelques jours du congrès des élus départementaux et régionaux, Serge LETCHIMY,au nom du Groupe des Progressistes et Démocrates, publie une lettre ouverteannonçant une "3èmevoie" se situant entre(?), juste après(?) ouau-delà(?) des articles 73 et 74 de la constitution française.
La trame narrative de ce texte se veut l'évocation de la ge ste de l'esclave Romain faisant résonner le tambour, le 22 mai 1848.Or, si l'on peut aisément deviner, même160 ans après, le message de Romain (Liberté, Rassemblement, Courage et Combat), on éprouve par contre du mal à comprendre les roulements du tambour deLETCHIMY.
Que veut-il dire ? Son message apparaît brouillé, contradictoire et malheureusementpeu crédible. Il n'exhorte ni à laliberté, ni au rassemblement, ni au courage, ni au combat.
Dans cette lettre ouverte,l'imaginaire est utilisé comme un stratagème politique visant à démontrer que seul notre homme providentiel parviendrait à "penser et agir martiniquais" alors que les autres éluschercheraient à enfermer la Martinique dans "une case", "une caloge","sans rêve, sans vision, dans unegestion étroite du quotidien".
En ce sens, ce texte est un textepolémique et son rédacteur, l'air faussement "solennel", patauge –encore et encore- dans "le marigot des querelles politiciennes" dont il prétend se démarquer.
De même son appel au "travail collectifdes martiniquais", aprèsle boycott de la réunion commune du Conseil Général et du Conseil Régional surle développement économique, se résume à un éloge du PPM présenté comme le "patrimoine de tous". Que sont donc les autres partis ?
A l'heure où nous sommes tous sommés de clarifier nos positions pour avancer, le maire de Fort-de-France reste incapablede dépasser ses crispations et de surmonter ses incohérences politiques,savamment présentées comme des "complexités":
Incohérence entre le refus de voter l'existence d'une nation martiniquaise au congrès defévrier 2002 et la proposition aujourd'hui d'inscrire cette nation dans le "pacte républicain français" qui affirme pourtant l'indivisibilité de la République et refuse la simple reconnaissance du peuplecorse.
Incohérence entre l'affirmation actuelle quel'article 74 "montre de suite ses limites" et ladéclaration (Antilla du 30 octobre au 6 novembre 2008) selon laquelle il constituerait une "solution brutale" risquant de faire dela Martinique "un pays instable, avec des coups de fusils et où l'ons'injurie".
Incohérence entre la contestation du rôle tropimportant qui serait laissé "auxexperts" –mais là, 'accusateur gagnerait à une introspectionpolitique- et la proposition de laisser "lesjuristes, les constitutionnalistes, tous les experts envisageables"nous dire "dans quel champ du possible notre réflexion s'inscrit"… Ce qui serait le comble de l'irresponsabilité politique…
Incohérence encore –et pas la moins triste- entrel'appel à l'"audace", à l'"utopie", à l'"imaginaire", au "rêve", au "penser et agir martiniquais" et la soumission revendiquée à l'ordre historiquené du "Pacte Républicain français", pensé par d'autres, pour eux-mêmes et souvent contre lesrêves et l'imaginaire de nos peuples.
On ne saurait, par ailleurs, secontenter d'une "autonomie de pensée et de conception" (l'acceptation tacite donc d'un tutorat idéologique)là où c'est l'indépendance de pensée et de conception (la liberté sans la contrariété d'un tutorat) qui est convoquée au rendez-vous de l'histoire et des mutations du monde.
Le tambour de LETCHIMY ne pousse donc ni "un chant libre", ni "un chant nouveau" ; il n'invente pas le "futur" ; il roule, épuisépar ses incohérences et ses crispations, un entre-deux lancinant qui tente d'immobiliser l'histoire et de figer l'audace des femmes et des hommes de notre nation.
Cette fameuse 3ème voie s'avère donc illusoire et s'apparente davantage àune manœuvre dilatoire commode pour éviter de se prononcer sur le fond. C'est,en définitive, une voie sans issue.
Sanssacrifier à la démangeaison de la numérologie, sans considérer l'article 74 comme la panacée, le PALIMA estimequ'en l'état actuel des rapports de force, ce cadre politique offre desopportunités que nous devons saisir pour tenter de sortir –même partiellement-notre nation de l'impasse.
Francis CAROLE
Président du PALIMA