Le gouvernement joue avec le feu
Victorin LUREL, député et président du Conseil régional de la Guadeloupe, dit sa vive inquiétude au vu des signaux qu’adresse le gouvernement ce lundi, après la suspension soudaine des négociations suite au départ, dimanche, pour Paris du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves JÉGO.
Après avoir quitté la table des négociations pour formaliser des « solutions durables » pour sortir de la crise sociale qui paralyse la Guadeloupe depuis trois semaines, après avoir indiqué qu’il souhaitait « apporter une réponse à l’économie, aux entreprises, (...) notamment sur le soutien aux charges » (déclarations à l’AFP), Yves JÉGO affirme désormais que le dernier point restant à régler est un « conflit entre salariés et employeur » et « ne concerne pas l’Etat ».
Cette amorce de revirement dans la position gouvernementale revient à dire une chose en Guadeloupe et à tenir un tout autre langage à Paris. Combinés aux déclarations du député UMP Frédéric LEFEBVRE sur le fait qu’il « ne peut pas y avoir deux lois de la République », ces signaux sont très inquiétants, car l’attente des Guadeloupéens mobilisés est immense, et que des solutions concrètes ont été formulées, en matière d’exonération de charges et de négociations salariales, lors de la dernière séance marathon de négociations entre samedi et dimanche dernier.
Pour Victorin LUREL, l’égalité entre l’Hexagone et l’Outre-mer français est bien sûr un principe républicain intangible, mais celle-ci ne doit pas être à sens unique au moment où éclate au grand jour des inégalités flagrantes et choquantes entre les situations ultramarines et hexagonales.
« Quand les monopoles installés dans nos territoires ne sont aucunement régulés par l’Etat, quand les prix des biens et services essentiels sont, sans contrôle, soit le fruit d’ententes illégales entre un petit nombre d’entreprises, ou bien la conséquence directe de marges purement prédatrices, quand tout est plus cher dans les outremers que dans l’Hexagone alors que les salaires dans le secteur privé sont inférieurs, c’est un échec cuisant pour un gouvernement qui poursuit depuis 2002 une politique libérale d’Etat minimum », déplore Victorin LUREL.
« S’il s’agit d’établir une égalité stricte entre l’Hexagone et des territoires insulaires en retard de développement, encore faut-il au moins que cette égalité soit réelle. Le gouvernement doit dès lors prendre l’engagement de réguler les abus de position dominante, les profits indus, les marges suspectes et les atteintes au droit du travail. Ainsi, les Guadeloupéens et les autres habitants des outremers pourront bénéficier de biens et de services à des justes prix, comparables à ceux de l’Hexagone. Sans cela, une politique différenciée se justifiera pour répondre précisément de manière différenciée à des situations différentes », conclut le député.