Le peuple dit OUI à HUGO CHAVEZ
Le président vénézuélien Hugo Chavez a remporté son pari en obtenant par référendum le droit de se représenter à la présidentielle de 2012, avec une large avance.
Source : Associated Press
Le vote écarte les limites qui l'auraient obligé à céder la place à l'issue de son mandat actuel. Le chef de la commission nationale électorale Tibisay Lucena a indiqué que sur 94% des bulletins dépouillés, 54% appuyaient la proposition présidentielle. La tendance ne peut donc plus être inversée. Environ 46% des participants ont voté pour limiter la reconduction des mandats de tous les responsables publics.
Des explosions de pétards ont salué la nouvelle alors que les partisans de Hugo Chavez parcouraient Caracas en trompetant leur victoire. Le président est apparu au balcon du palais présidentiel de Miraflores pour chanter l'hymne national, avec des milliers de partisans assemblés sous ses fenêtres, déclarant : "Aujourd'hui nous avons grand ouvert les portes du futur. Le Venezuela ne retournera pas à un passé d'indignité" a affirmé le leader populiste.
A leur quartier général de campagne, ses adversaires ont estimé que le Venezuela sombrait encore plus dans la dictature, et certains pleuraient. "Nous acceptions le résultat" a cependant reconnu le dirigeant étudiant David Smolansky, 23 ans, ajoutant : " Nous sommes toujours debouts, engagés pour l'avenir du Vénezuela".
Le président Chavez a affirmé dimanche qu'après une décennie agitée, il avait besoin de plus de temps pour transformer le Venezuela en Etat socialiste. "Aujourd'hui, mon avenir politique se décide, avait déclaré le président avant le vote. Le futur du pays est en jeu".
Les partisans des deux camps avaient conscience que ce vote allait façonner l'avenir du pays, dont Chavez utilise les ressources pétrolières pour faire reculer les inégalités sociales.
Les électeurs favorables à Chavez rappellent qu'il a nourri les pauvres en maintenant bas les prix alimentaires, permis leur éducation et leur a donné accès aux soins médicaux. Il les a aussi associé au pouvoir avec son discours de lutte des classes après des décennies de gouvernement soutenus par les Etats-Unis qui favorisaient les riches. Aucun successeur ne se dessinent et ils craignaient de perdre ces avantages si Chavez quittait son poste. "Si Chavez partait, ses réalisations sociales disparaîtraient" estimait Richard Mijares, un secrétaire de 40 ans.
"Cette victoire sauve la révolution", a renchérit Gonzalo Mosqueda, un commerçant de 60 ans, qui buvait du rhum dans une tasse en plastique à proximité du palais présidentiel. "Sinon, tout serait menacé, tous les programmes sociaux et tout ce qu'il a fait pour les pauvres".
Les opposants estiment qu'il avait déjà trop de pouvoir, sur les tribunaux, l'assemblée et le conseil électoral. En repoussant la limite de 12 ans de mandat posée en 1999, il devient incontrôlable. "S'il gagne, plus rien ne le retiendra et il va faire du Venezuela un autre Cuba, parce que c'est ce qu'il veut" redoutait Adriana Hernandez, une étudiante en ingénierie de 19 ans. "Il créera des lois par décret, et s'en prendra à la propriété privée".
Chavez est arrivé au pouvoir en 1999 et a obtenu la même année une nouvelle constitution lui permettant de servir deux mandats de six ans. Ce dimanche, il a modifié la donne, après un échec en décembre 2007.
Il a prévenu ses adversaires que "toute tentative de prendre le chemin de la violence en refusant de reconnaître les résultats du vote populaire serait neutralisée". AP