En Grande-Terre mais aussi en Basse-Terre, selon Radio Caraïbes Internationale, des manifestants ou des riverains utilisent toutes sortes d'objets (frigos, troncs d'arbre...) pour les édifier, rendant très difficile la circulation. L'un de ces barrages, comptant trois voitures calcinées et gardé par une quinzaine de personnes, barre l'accès à la rocade autour de Pointe-à-Pitre depuis Gosier, où des barrages ont été spontanément installés sur des petites routes.
Plusieurs communes de l'île ont été en proie à des violences dans la nuit précédente avec des barrages spontanés sur les routes, signalés en plusieurs points de la périphérie de Pointe-à-Pitre. Vers minuit, une dizaine de ceux-ci en feu, sans personne à proximité, ont contraint les voitures à faire demi-tour.
Dans la ville et ses environs, des bandes de casseurs, très mobiles et circulant à pied, ont sévi et les devantures de plusieurs magasins ont été éventrées. Un autre magasin d'accastillage nautique a été entièrement détruit par un incendie. Les bateaux qui y étaient entreposés avaient été préalablement sortis dans la rue. Les pompiers, caillassés de toute part, ont mis plus d'une heure pour parvenir sur place après avoir reçu la protection des forces de l'ordre.
Des groupes de jeunes ont aussi mis le feu à des poubelles et renversé des barrières de sécurité. Dans la proche banlieue, notamment à Grand-Camp, d'autres magasins ont été pillés. À Grand-Baie, sur la route reliant la capitale à Gosier, plusieurs barrages ont été érigés.
«Changer le fonctionnement de l'Outre-mer». Alors que la Guadeloupe a connu une nouvelle nuit de violence lundi et que de nombreux barrages paralysent toujours l'île, la sénatrice UMP Lucette Michaux-Chery a proposé mardi aux parlementaires de tous bords de constituer un «front uni» face à Nicolas Sarkozy jeudi. «Il y a des choses très importantes que je vais demander», a-t-elle indiqué. «Il faut changer fondamentalement le fonctionnement de l'Outre-mer : on ne peut pas continuer à gérer l'Outre-mer comme si nous étions dans les colonies : c'est fini, c'est fini cette mentalité de paternaliste», a-t-elle affirmé. «Parce que ce que la métropole ignore, c'est qu'au-delà de la crise mondiale que traverse le monde, au-delà de la cherté de la vie qui frappe l'outre-mer, au-delà de l'importance du chômage, au-delà de la désespérance de la jeunesse qui voit son avenir bouché, il y a un problème de société, de rapport entre la France et l'outre-mer», a-t-elle expliqué.
Du côté du LKP, (Collectif contre l'exploitation), porteur du mouvement de grève depuis plus d'un mois, on n'entend pas faiblir la mobilisation. Elie Domota, porte-parole et leader du mouvement, a souhaité mardi «la poursuite et le renforcement de la mobilisation» pour ces prochains jours, «jusqu'à la satisfaction de nos légitimes revendications ». L'annonce d'un rendez-vous jeudi avec Nicolas Sarkozy n'a donc pour le moment rien changé dans l'esprit des manifestants.
Le gouvernement et Nicolas Sarkozy auraient dû réagir plus rapidement. Le président du groupe PS Jean-Marc Ayrault a notamment expliqué qu'il s'agissait d'une «faute politique très grave». La députée apparentée socialiste de Guadeloupe Jeanny Marc a pour sa part estimé que «si le gouvernement revient sur sa position [sur les exonérations de charges sociales pour les entreprises], la paix sociale reviendra en Guadeloupe».