Bonne nouvelle : 51 % des français favorables à l'indépendance des Antilles
Un sondage IFOP tout ce qu’il y a de plus sérieux, diffusé dans la presse parisienne et sur les grandes chaînes de télé ce jeudi 26 février, nous apporte l’une des rares bonnes nouvelles de ce mois de février agité : 51% des Français se déclarent favorables à l’indépendance des Antilles.
A la vérité, il y avait déjà eu la semaine d’avant, une autre bonne nouvelle sur laquelle peu de commentateurs se sont arrêtés à savoir que le président de la République française, Nicolas Sarkozy, dans une conférence de presse entièrement consacrée à l’Outre-Mer,s’était déclaré favorable à une évolution institutionnelle et à la création d’une collectivité unique. Bref, le locataire de l’Elysée est partisan del’Autonomie !
Résumons : le peuple français est pour l’indépendance desAntilles, le président français est pour l’autonomie des Antilles.
Et nous dans tout ça ?
Que disons-nous ?
Quand on écoute ou qu’on lit les déclarations des dirigeants du mouvement de grève, tant en Martinique qu’en Guadeloupe, on se rend compte que cette question, pourtant cruciale, est quelque peu mise de côté. On a même pu entendre un leader gréviste guadeloupéen déclarer sur France-Inter que « s’il y avait un référendum surl’indépendance en Guadeloupe, seuls 5 à 6% de la population voterait pour ». Et celui-ci d’expliquer que si sa propre organisation, l’UGTG, s’est déclarée pro-indépendantiste dès 1977, la grande majorité des 50 organisations qui constituent le dit LKP ne le sont pas.
Quant à la Martinique, silence-radio sur la question !
S’il n’est pas question de nier la légitimité de bon nombre des revendications exprimées depuis un mois, s’il n’est pas question de nier la scélératesse des Békés et le scandale que constitue les surprofits qu’ils font sur la tête de nos peuples depuis des lustres, s’il n’est pas question de nier l’empoisonnement au chlordécone dont ils sont entièrement responsables (chose que Louis Boutrin et moi-même avons dénoncé dans notre livre « Chronique d’un empoisonnement annoncé »), s’il n’est pas question de nier le vol à l’arraché opéré par la SARA, s’il n’est pas question de nier qu’une large fraction de notre jeunesse est sans avenir et livrée à elle-même, n’est-il pas bon dans le même temps de poser la question du POUVOIR MARTINIQUAIS ou du POUVOIR GUADELOUPEEN ?
En effet, sans un pouvoir local fort, autonome (et pourquoi pas, indépendant), les revendications exprimées ces jours-ci se reposeront fatalement dans six mois, dans un an ou dans deux ans.
Fatalement.
Prenons deux exemples :
. la revendication de la priorité d’embauche pour les Antillais n’est pas tenable dans le cadre départementalo-régional actuel. Elle est illégale dans un cadre franco-français. Elle ne peut exister que dans un cadre autonome comme à Tahiti où il est interdit, par exemple, à un non-Tahitien d’enseigner à l’école maternelle et primaire.
. la lutte contre la privatisation du littoral ne peut être vraiment efficace que dans un cadre autonome (ou indépendant) car la France n’applique pas son propre « Code de l’environnement », ce qui oblige régulièrement les Corses à plastiquer des villas construites les pieds dans l’eau.
Et ce qui est valable pour l’emploi et l’environnement l’est pour la plupart des autres domaines de la vie économique et sociale. Sans faire de fétichisme de l’article 74, sans considérer qu’il s’agisse d’une panacée, force est de reconnaître que c’est, pour l’instant, le seul et unique moyen de sortir du cadre mortifère actuel. La Martinique a pris une longueur d’avance en réunissant son congrès le 18 décembre dernier et en votant à une très large majorité pour une consultation référendaire sur le sujet. C’est dire qu’elle n’a aucunement besoin des états-généraux proposés par Nicolas Sarkozy.
La Martinique a déjà fait ses états-généraux ! Et cela entre…1998 et 2009.
Tout ce que nous demandons au président français, c’est de fixer la date de la consultation et d’en établir les modalités. Point à la ligne.
Et le plus vite sera le mieux !
Si par bonheur les Martiniquais en venaient à voter « OUI » (rappelons que le « NON » ne l’avait emporté le 7 décembre 2003 que par un petit millier de voix et cela parce que les maires « Divers Gauche », par lâcheté, n’avaient pas fait campagne), il ne faudrait pas que nous nous arrêtions en si bon chemin.
L’autonomie n’est, en effet, qu’une étape sur le chemin de la pleine et entière souveraineté. Tôt ou tard,il faudra poser la nécessaire question de l’indépendance de la Martinique et là encore, le plus tôt sera le mieux.
A un patron (mulâtre) qui exprimait devant moi ses craintes d’une telle évolution, j’ai répondu :
« Pensez-vous sérieusement qu’il pourrait y avoir, dans la très communiste Cuba ou dans la très capitaliste Barbade, une grève qui paralyserait le pays entier durant plus d’un mois ? »
Notre cher patron fut bien obligéde me répondre : « Non, je ne crois pas… »
Et moi de lui rétorquer :« De quoi avez-vous peur alors ? »
Précisons que notre homme est jeune, qu’il déclare être scandalisé par les propos d’Alain Hughyes-Despointes dans l’émission de CANAL + et qu’il dit être prêt à se battre pour un vrai développement de la Martinique, hors des sentiers battus de l’import-export développé par le patronat béké.
Je veux bien le croire, mais pourquoi lui et ceux qui pensent comme lui, ne se déclarent-ils pas ouvertement, publiquement, favorables à l’autonomie, puis à l’indépendance de la Martinique ?
Car il faudra bien qu’un jour, nous Martiniquais, de toutes couleurs, ethnies, religions, obédiences politiques etc…cessions de vouloir le beurre, l’argent du beurre et le« bonda » de la fermière en plus.
Nous ne pourrons plus faire très longtemps encore l’impasse sur la nécessaire création d’un POUVOIR MARTINIQUAIS.
Sauf à vouloir demeurer à jamais des « mendiants arrogants » selon l’impitoyable formule d’Aimé Césaire…
Raphaël Confiant